La formation en chiffres #39 : 22

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Le digital progresse dans le panier de consommation « formation » du salarié français, qui reste cependant à la traîne de ses collègues européens. Selon le baromètre Cegos 2016 de la formation professionnelle en Europe, le blended learning, associant cours en salle et digital, a gagné 22 points par rapport à 2010 : les salariés français ayant bénéficié d’une formation ont été 35% à suivre une prestation de ce type, contre 13% il y a 6 ans. C’est encore 11 points derrière la moyenne européenne (46%), mais les pratiques sont clairement en train d’évoluer.

 

La France serait-elle en phase de rattrapage de son retard digital en matière de pratiques pédagogiques ? La progression des nouvelles modalités de formation (blended learning, formations en ligne à distance, accompagnement individuel…) est en tout cas manifeste, si l’on suit dans la durée les résultats du baromètre réalisé chaque année par Cegos auprès des salariés des grands pays européens de l’Ouest : France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie et Espagne, auxquels la nouvelle édition 2016 ajoute le Portugal. 440 salariés de chaque ont participé (soit 2 640 au total), et 120 DRH et responsables formation français ont par ailleurs été interrogés.

L’enquête couvre un vaste éventail de sujets, de la perception de la réforme en France au ressenti des salariés et des managers vis-à-vis de la formation professionnelle, en passant par l’évolution des pratiques de formation. Les répondants ont cependant tous un point commun : ils ont bénéficié d’une action de formation dans les 3 dernières années. Les données ne doivent donc pas être interprétées comme représentatives des salariés dans leur ensemble.

 

Le succès croissant du blended learning

L’enquête met en évidence une forte progression des formations mixtes et digitales dans l’ensemble des pays étudiés. La formation en salle et en groupe continue à dominer le paysage : 87% des salariés interrogés ont bénéficié d’une action de ce type – 91% en France. La digitalisation ne se substitue pas au présentiel : elle vient le compléter, dans une offre multimodale.

D’où le succès croissant des formations dites « mixtes », ou blended learning, qui allient outils digitaux et présence du formateur. La part des salariés français qui y ont eu recours est passée, en 6 ans, de 13% à 35%, soit un quasi-triplement. Cette augmentation s’est essentiellement produite en deux vagues : +10% entre 2010 et 2011, +9% entre 2015 et 2016. Un effet des réformes de 2009 et 2014 ? Difficile de faire le lien précisément, d’autant que les chiffres européens ont eux aussi connu une forte augmentation cette année, passant de 36% à 46%.

Un écart de 11% demeure donc au détriment des salariés français, derniers de la classe. Il monte à 18 points avec l’Angleterre, dont plus de la moitié des bénéficiaires de formations (53%) ont eu recours au blended learning.

Incidemment, on remarque que le tableau est similaire pour l’accompagnement individuel (coaching et tutorat), qui a bénéficié au tiers des salariés français (+7%), mais à 44% des salariés européens (+6%).

 

La formation en ligne : une progression ciblée

Dans le domaine des formations à distance en ligne proprement dites, le rattrapage des salariés français est plus net, même si l’écart demeure important : la France gagne 9 points, à 38%, la moyenne des pays étudiés ne progressant que d’un point, à 50%.

Lorsqu’on leur demande de citer les modalités de formation à distance par lesquelles ils ont le plus appris au cours des trois dernières années, nos compatriotes sont invariablement les moins nombreux à répondre à l’appel. Ainsi, 61% des Espagnols mentionnent les modules d’e-learning, contre 37% des Français. Les MOOC ont conquis 45% des Britanniques, contre un quart des salariés de l’Hexagone.

Là encore, la dynamique d’appropriation des innovations est bien là, parfois de façon spectaculaire : les vidéos, les classes virtuelles, les web conférences ont conquis 17 points de pourcentage d’adeptes supplémentaires en France en 2016.

 

Des DRH/RF très investis

Que signifient ces chiffres pour la fonction formation ? D’abord, ils apparaissent cohérents avec le ressenti quasi unanime des DRH et responsables de formation. Ces derniers sont 9 sur 10 à se dire « tout à fait d’accord » ou « plutôt d’accord » avec le constat que la formation se digitalise de plus en plus dans leur entreprise. L’année dernière, ils étaient 8.

Il ne s’agit pas uniquement d’innovation technologique : c’est le rôle de la formation dans l’entreprise, et donc celui du responsable formation, qui est en pleine transformation. Significativement, l’enquête révèle d’ailleurs que pour 60% des DRH/RF, la première conséquence de la réforme a été de renforcer la formation en interne, autre moyen d’action à la disposition du RF. En cohérence avec les résultats du baromètre Management de la Formation, le RF devient ainsi de plus en plus l’ingénieur de parcours formation composites et personnalisés, utilisant toute la gamme des outils à sa disposition – présentiel, distanciel, digital, e-learning, formation interne, tutorat, coaching… – pour optimiser la stratégie formation de l’entreprise, dans un contexte budgétaire contraint.

 

Source :

  • Baromètre Cegos 2016 de la formation professionnelle en Europe.

 

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