La formation en chiffres #51 : 6 tendances pour la pédagogie de demain

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Au fil des réformes, on débat beaucoup du financement de la formation professionnelle et de l’évolution des budgets des entreprises. N’oublions pas cependant que le porte-monnaie n’est pas le seul levier : les modalités pédagogiques connaissent des évolutions qui peuvent améliorer sensiblement l’efficacité des apprentissages. Le New Media Consortium (NMC) et Educause Learning Initiative (ELI) ont inventorié 6 tendances, 6 défis et 6 innovations qui vont caractériser la pédagogie et la formation de demain – en formation initiale comme en formation continue.

 

La technologie bouleverse la formation d’au moins trois manières :

  • elle transforme les modalités pédagogiques ;
  • elle enrichit l’objet de la formation : la technologie doit être enseignée ;
  • elle démultiplie les possibilités du système d’accès à la formation, par la dématérialisation administrative.

Le New Media Consortium, créé en 1993 par Apple, Sony, Adobe et Macromedia pour sensibiliser le monde de l’éducation au multimédia, a réalisé une étude qui porte essentiellement sur le premier point : la transformation des modalités pédagogiques. Ils l’ont conduite en partenariat avec Educause, une association dont l’objectif est similaire. L’étude est davantage formulée du point de vue de la formation initiale, mais la plupart des constats et des projections sont valables pour la formation continue. C’est bien la transmission du savoir dans tous les contextes qui est visée.

 

2 tendances de long terme

Le document commence par repérer 6 tendances qui vont transformer la pédagogie à court, moyen et long terme.

Deux tendances se feront sentir au moins pendant les 5 prochaines années, selon le document :

  • La culture de l’innovation va se développer sur les campus et dans les organismes de formation. Cette tendance peut paraître un peu vague. Elle recouvre l’idée selon laquelle les lieux de formation vont s’ouvrir aux nouvelles idées, encourager leur émergence chez les étudiants et les stagiaires, promouvoir l’expérimentation et l’acceptation de l’échec. Des notions dont on pourrait penser qu’elles ne sont adaptées à toutes les formations, mais qui supposent en fait un changement de positionnement de l’apprenant et du pédagogue qui peut s’appliquer à beaucoup de contextes de formation.
  • Le « deeper learning », va se répandre. A ne pas confondre avec le « deep learning », ou « apprentissage profond », concept lié à la recherche sur l’intelligence artificielle, le « deeper learning » a été théorisé par la William and Flora Hewlett Foundation. C’est une méthodologie qui « engage les étudiants dans la pensée critique, la résolution de problèmes, la collaboration et l’auto-apprentissage ». Elle part du principe que pour être motivés, les apprenants ont besoin de faire un lien clair entre ce qu’ils apprennent, le réel, et l’impact que les nouvelles connaissances ont sur eux. Elle repose sur la conduite de projets, l’implication des apprenants dans des recherches. Des principes souvent prônés en théorie, moins souvent mis en pratique.

 

A moyen terme : évaluation et nouveaux espaces

A l’horizon de 3 à 5 ans, l’étude voit s’imposer deux mouvements.

  • L’évaluation des apprentissages va faire l’objet d’une attention croissante. Le développement du e-learning et du mobile learning, couplé aux avancées de l’analyse de données et à l’essor des LMS (learning management systems) devraient permettre d’améliorer la façon dont les progrès sont mesurés via l’analyse de l’apprentissage (learning analytics), en accroissant la précision de l’évaluation, en la concentrant sur les compétences et en favorisant un feedback rapide qui permet à l’apprenant lui-même de réagir et de repérer ses zones de fragilité.
  • Une autre tendance porte sur les espaces, de plus en plus souvent réarrangés pour favoriser un apprentissage plus actif et plus interactif. Les lieux deviennent modulaires, flexibles et multimedia. Des « smart rooms » apparaissent, pour permettre d’intégrer des intervenants ou des participants à distance ou organiser l’apprentissage collaboratif. Les espaces de formation vont ressembler de plus en plus à l’environnement de travail.

 

A court terme : blended learning et collaboratif

Dans les une ou deux années qui viennent, la pédagogie va continuer à intégrer toujours davantage les méthodes montantes que sont le blended learning et l’apprentissage collaboratif.

  • Le développement du blended learning est de fait confirmé par la plupart des études, même si la France conserve toujours un petit retard. Il y a plusieurs façons de combiner présentiel et distanciel. L’une des plus fréquentes consiste à mettre à disposition des ressources en ligne dont les apprenants prennent connaissance avant de venir en discuter avec l’enseignant. Mais il peut aussi s’agir d’exercices et d’évaluations en ligne complétant le cours. On devrait assister à une multiplication de ces usages.
  • L’apprentissage collaboratif, enfin, devrait continuer à se répandre. Fondée sur l’idée que « le savoir est une construction sociale », l’approche collaborative combine 4 principes : placer l’apprenant au centre, favoriser les interactions, travailler en groupe, développer ensemble des solutions à de vrais problèmes. Certaines formations utilisent ces principes depuis longtemps.

 

Défis et innovations dans la formation

L’étude ajoute 6 défis, parmi lesquels on trouve : accroître la « littératie digitale », intégrer apprentissages formels et informels, réduire les inégalités de réussite et d’accès au digital. Ces thèmes concernent au premier chef l’entreprise, pour qui ils représentent de véritables enjeux de performance. Deux autres défis les affectent tout autant, sinon plus : la gestion de l’obsolescence des connaissances, qui menace aussi bien les organisations que les contenus des formations ; et la redéfinition du rôle des formateurs, qui découle de toutes les autres évolutions.

Parmi les innovations qui ont le vent en poupe et devraient accompagner ces développements, on trouve d’abord, à très court terme, les outils de l’apprentissage mobile et les modules de formation adaptatifs, personnalisables en fonction des besoins de chacun.

L’étude évoque également l’Internet des objets et ses possibles applications pédagogiques ; l’intelligence artificielle, à plus long terme ; mais aussi l’évolution des LMS vers plus de flexibilité, de possibilités de personnalisation, mais aussi d’interconnexion grâce à un plus haut niveau de standardisation.

 

 

Plus « qualitative » que « quantitative », centrée sur le contexte anglo-saxon, l’étude NMC-Educause a l’avantage de dresser un portrait plutôt réaliste et prospectif de l’évolution de la formation sous l’angle pédagogique. Selon leur situation dans cette évolution, les praticiens de la formation la jugeront peut-être optimiste, ou au contraire dépassée. On pourra se rassurer de nos complexes français en constatant qu’outre-Atlantique aussi, on trouve que le concret, le pratique et l’esprit d’entreprise ne sont pas assez valorisés dans la formation initiale !

 

 

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