Le compte personnel de formation : finalités, usages et faisabilité (4/4)

Synthèse illustrée de quelques verbatims de la 3e table ronde : la faisabilité et les modalités de fonctionnement du compte personnel de formation, dans le cadre du colloque du 16 octobre 2013, organisé par CentreInffo, à l’initiative du député Jean-Patrick Gille.

 

 

Invités :

  • Jean-Marie Luttringer, expert JML Conseil
  • Stéphane Lardy, secrétaire confédéral en charge de l’emploi et de la formation professionnelle, CGT-FO
  • Robert Baron, président de l’Udes (Union des employeurs de l´économie sociale et solidaire avant Usgeres)
  • Emmanuelle Peres, déléguée Générale de la FFP (fédération de la formation professionnelle)
  • Carine Seiler, Directrice Formation Economie Emploi au sein de Sémaphore Territoires

Jean-Marie Luttringer ouvre cette nouvelle table ronde par l’historique du compte qui « embrume les esprits » et rappelle que justement, ce compte est dans les tuyaux depuis les années 90. « Nous avons échoué depuis 20 ans. Il faut en tirer les leçons du CIF, grand frère de ce nouveau compte. »

Après avoir précisé que « la loi ne fait pas le droit  et que la loi du 14 juin 2013 est hors-sol. », Jean-Marie Luttringer expose trois conflits de logique :

  • le premier principe est l’autonomie de pouvoir de décision du chef d’entreprise
  • le second est la compatibilité avec une indemnisation chômage
  • le troisième : quid des personnes non indemnisées comme les stagiaires, des 3 millions de travailleurs non salariés, des fonctionnaires ?

Pour que le CPF s’enracine, le spécialiste liste trois scénarios possibles :

  • scénario du cœur d’artichaut : le compte est un réceptacle, un mega passeport formation, si on traduit les conclusions du rapport du CNFPTLV
  • scénario de l’assurance formation : contre l’obsolescence des compétences
  • scénario du germe mutagène du changement : instillé dans la logique du Tiers payant.

Il souligne également que le conseil en évolution professionnelle est une question déconnectée du CPF dans le cadre de la loi. Enfin, il soulève enfin un point très important : « il faut éviter les conflits d’intérêts, pour cela les prestataires de formation ne doivent pas être admis à faire du conseil ou de l’information sur la formation. »

 

Pour la FFP, représentée par Emmanuelle Peres, le CPF « doit simplifier l’accès à la formation professionnelle, sortir de ce délit d’initiés, de la complexité des financements. » Son accompagnement ne doit pas être obligatoire compte tenu de la diversité des publics. Il doit permettre la « réduction du délai d’entrée en formation » (actuellement de 6 à 7 mois pour les chômeurs). Il ne faut pas oublier les compétences transversales pour passer d’un secteur à l’autre.

 

Les intervenants suivants posent majoritairement les questions pratiques de la mise en place du compte personnel de formation.

 

Carine Seilier du cabinet Sémaphores, qui vient de publier l’étude Plan de formation des entreprises : de la formalité à l’outil stratégique, s’interroge sur les modalités de l’opposabilité, son articulation avec le CIF. Peut-il être universel et différencié ?

 

Robert Baron met en garde sur la possibilité que ce CPF ne soit un CIF+, un super CIF. Où sont les cohérences entre le CIF et le CPF ? Il faut retravailler sur des articulations sans porter atteintes au DIF et ses bons résultats.

 

Stéphane Lardy compare le CPF à une tête de gondole. Quid des gens à la recherche d’un emploi non inscrit à Pole Emploi mais ceux inscrits à l’APEC ou la mission locale ? Il s’interroge également du sort des fonctionnaires ? Comment sera-t-il abondé ? activé ?

 

En conclusion, Jean-Patrick Gille se félicite de la teneur des échanges. «  On a évité la douche froide et le bain de vapeurs frileux. Les enjeux sont très forts. Le CPF est un instrument d’éducation permanent, un outil de promotion sociale. L’utilisateur est au cœur du système et il y a une vraie attente. Pour finir, le député ajoute que les différents comptes auront vocation à converger et évoque même une réflexion à avoir pour un rapprochement avec l’UNEDIC.»

Sources annexes :

Le dossier documentaire réalisé par Centre Inffo dans le cadre du colloque à l’Assemblée nationale le 16 octobre 2013

Le compte personnel de formation – Discours de Michel Sapin du 16 octobre 2013 à l’Assemblée nationale

Le colloque en vidéo

 

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