Comment, concrètement, organiser une formation en classe virtuelle réussie ? Quelles sont les conditions pédagogiques et techniques du succès ? Quand et pourquoi faut-il opter pour cette modalité ? Après avoir consacré un article à définir la classe virtuelle, nous avons posé toutes ces questions et d’autres à Luc Vandenboomgaerde, Learning and Performance Consultant au sein du pôle Talent et Formation d’ADP.
Ayant rejoint ADP en 2001, Luc Vandenboomgaerde est en charge du déploiement des formations linguistiques et techniques informatiques. Il est spécialisé dans la transformation digitale des formations et apporte son expertise dans l’analyse de l’impact des initiatives de formation.
Luc Vandenboomgaerde : On peut lister quelques conseils :
Certaines formations de courte durée, avec un fort contenu en information pure, se prêtent particulièrement bien aux classes virtuelles. Le formateur présente l’information et vérifie régulièrement que les stagiaires ont bien compris, en posant des questions. On a dans ce cas environ 80% d’information – par exemple sur une nouvelle loi, un nouveau décret – et 20% de tests de connaissances, sous forme de questions, de quizz, de petits exercices. On est plus dans la passation et l’intégration d’une information que dans l’apprentissage de la pratique d’un outil. La formule permet de toucher un large public, et même d’enregistrer la séance, pour diffusion ultérieure auprès de ceux qui n’ont pas pu y assister.
La classe virtuelle implique un nombre limité de participants : pas plus de 15 ou 20. Si on souhaite conserver un minimum d’interactivité, c’est indispensable. Que les questions soient posées en direct ou par chat, au-delà de 20 personnes, l’interaction est difficile.
Pour les formations de type atelier multiculturel ou jeux de rôles entre participants, ou généralement visant des soft skills, la classe virtuelle n’est pas très adaptée. Dès lors que beaucoup d’interactions sont nécessaires entre les participants, avec des petits groupes qui doivent souvent changer en session, cela devient compliqué. C’est le même principe pour des formations logicielles en initiation, où les stagiaires peuvent arriver avec des historiques techniques différents, et où le besoin d’assistance peut varier beaucoup d’un stagiaire à l’autre.
L’interactivité pose d’autres questions, auxquelles on ne pense pas forcément a priori : en présentiel, par exemple, on sait qu’un participant va s’exprimer un peu avant qu’il prenne la parole… Ce n’est pas le cas en ligne.
Enfin, encore une fois, plus le nombre de participants est élevé, moins les interactions sont faciles.
Les fonctionnalités de partage de caméra et de partage d’écran sont quasi obligatoires. La possibilité de faire des sondages et des quizz également.
Le chat, quand il est disponible, est un atout, même s’il pose un problème d’organisation : le formateur doit-il le gérer lui-même, ou faut-il qu’un assistant s’en occupe ? D’une manière plus générale, il faut se poser la question du rôle du formateur. Doit-il être un expert de la plateforme ?
Le partage de tableau blanc est un plus. Il permet de faire des brainstormings à plusieurs, chacun écrivant ce qu’il veut. Il n’est pas toujours entièrement blanc : dans un contexte international, au début d’une session, on peut montrer une carte du monde sur le tableau blanc, et les participants peuvent mettre une croix pour indiquer leur emplacement. On peut faire beaucoup de choses différentes avec cette fonction.
Il existe aussi des petites fonctionnalités utiles pour organiser l’interaction, comme des icônes qui servent à lever le doigt, demander une pause ou exprimer un état d’esprit.
Non, il y en a de plusieurs types.
Il y a les outils qui sont plus orientés sur la conduite de réunion comme Skype for Business, Zoom, Bluejeans ou Google Hangouts. Avec ces solutions, l’usage prioritaire est le partage d’information (souvent via le partage d’écran), avec un degré d’interactivité limité. Il y a aussi des solutions comme Klaxoon qui permettent de fluidifier la collaboration et peuvent être un bon complément aux outils cités plus haut et aux formations à distance, via la conception de parcours interactifs.
Et puis vous avez des outils plus orientés formation, comme Webex Training Center, ou Adobe Connect Learning. Là, vous disposez de toute la gamme des fonctionnalités utiles – quizz, sondage, partage de tableau blanc, émoticônes, partage de fichiers, séparation de classe en petits groupes, gestion des inscriptions … Le logiciel vous donne en outre des statistiques d’attention et des indicateurs liés tout au long de la session : vous pouvez ainsi connaître la part des stagiaires qui n’ont plus la fenêtre de la conférence en premier plan, bon indicateur de leur mobilisation. Cela permet de savoir qu’il est temps de faire une pause ou de lancer un sondage pour récupérer leur attention, par exemple.
Je pense que si on se lance dans la formation à distance, il faut investir, se donner les moyens de se professionnaliser en conception et animation de formation à distance. Le formateur doit être en capacité d’animer un groupe, au-delà de son expertise technique. Bien sûr, on peut aussi choisir d’y aller avec les moyens du bord, le formateur faisant la formation depuis chez lui – ou même depuis sa voiture, je l’ai déjà vu ! – en réutilisant ses supports de cours traditionnels. C’est le crash assuré : dans ce cas, il vaut mieux rester en présentiel. La classe à distance n’est pas une formation au rabais : c’est une modalité différente, avec des fonctionnalités qui sont peu ou mal utilisées en salle de classe – comme le quizz ou le sondage.
Concrètement, on peut citer les points de vigilance suivants, notamment logistiques :
On peut résumer en trois points l’apport de cette modalité :
Oui, car la classe virtuelle répond à un besoin d’immédiateté et de flexibilité compatible avec l’accélération des savoirs et de leur transmission. De plus, dans des contextes internationaux, cela permet un passage direct de l’information avec le même message à des populations pour lesquelles nous n’aurions pas pu organiser de déplacement.
La classe virtuelle, en tout état de cause, ne remplace pas la formation en présentiel : elle la complète. Il s’agit d’une transformation pédagogique et technologique, plutôt bien accueillie lorsqu’elle est de qualité, plutôt mal reçue sinon…
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