La contribution unique à la formation professionnelle et à l’alternance (Cufpa), créée par la réforme de 2018, s’est mise en place progressivement sur 5 ans. Avec la publication des décrets sur la répartition du solde de la taxe d’apprentissage, l’ensemble du dispositif de financement de la formation est enfin achevé. Tout ce qu’il faut savoir sur la Cufpa et les autres contributions formation (CSA, CPF-CDD), leur mode de calcul, leurs taux, leurs modalités de versement, le calendrier des contributions.
Sommaire
Qu’est-ce que la Cufpa ?
Qui paie la Cufpa, la CSA et la contribution CPF-CDD ?
Quels sont les différents taux et composantes de la Cufpa ?
La contribution à la formation professionnelle (CFP)
La taxe d’apprentissage
Les taux de la contribution supplémentaire à l’apprentissage (CSA)
Tableaux récapitulatifs
Qui collecte la Cufpa, et à quelle fréquence ?
Comment est réparti le solde de la taxe d’apprentissage ?
Pourquoi parle-t-on de « contribution unique » ?
La contribution unique à la formation professionnelle et à l’alternance (Cufpa), mise en place par la loi Avenir Professionnel du 5 septembre 2018, désigne la réunion de :
Ces deux contributions ont des origines très différentes. La taxe d’apprentissage a été créée par l’Etat en 1925 pour financer les centres de formation d’apprentis. La contribution à la formation professionnelle est l’héritière de l’obligation de financement instituée par l’État et les partenaires sociaux en 1971 pour développer la formation continue.
La Cufpa est assise sur la masse salariale de l’entreprise.
Elle constitue l’une des 4 composantes du financement de la formation et de l’apprentissage par les entreprises, telles qu’énumérées à l’article L6131-1 du code du Travail. Les 3 autres étant :
Ces différentes contributions sont, globalement, dues par les entreprises du secteur privé, mais leur périmètre d’application varie.
Le taux de la CFP varie suivant la taille de l’entreprise et la nature des contrats de travail des salariés.
Le taux de la partie « taxe d’apprentissage » de la Cufpa varie non pas suivant la taille de l’entreprise, mais suivant la localisation géographique : en Alsace-Moselle ou ailleurs.
Certaines sommes peuvent être déduites de la taxe d’apprentissage :
Cette créance se calcule en multipliant l’effectif de l’entreprise par le pourcentage de salariés en alternance ou en Cifre au-delà de 5%, dans la limite de 2%, puis par 4. Exemple : une entreprise de 500 salariés emploie 6,5% de salariés en alternance (ou en CDI dans l’année qui suit une embauche après un contrat d’alternance) ou en Cifre. On retient donc 1,5%. La créance s’élèvera à 500 x 1,5 x 4 = 3 000€. Si l’entreprise emploie plus de 7% de salariés en alternance ou en Cifre, le pourcentage retenu est plafonné à 2%.
Les taux de la CSA, qui concerne uniquement les entreprises de 250 salariés et plus, dépendent à la fois de la taille de l’entreprise, de sa localisation géographique (Alsace-Moselle ou non) et du taux de « contrats favorisant l’insertion professionnelle » (apprentis et salariés en contrat de professionnalisation jusqu’à un an après leur éventuelle embauche en CDI, doctorants en Cifre).
Depuis le janvier 2022, c’est l’Urssaf qui collecte l’intégralité des fonds de la formation et de l’apprentissage (Cufpa, CPF-CDD, CSA), par l’intermédiaire de la DSN (déclaration sociale nominative). Le calendrier de la Cufpa est donc désormais essentiellement mensuel. Il n’y a plus de système d’acomptes Cufpa comme pendant la période 2019-2021 et les Opco ne la collectent plus.
La plupart des contributions sont prélevées mensuellement :
Certaines contributions sont cependant prélevées annuellement, en année N+1. C’est le cas :
Attention : il se peut que vous soyez également assujetti à des versements conventionnels décidés par votre branche. Dans ce cas, le versement s’effectue annuellement à l’Opco dont vous dépendez. Il en va de même des éventuels versements volontaires effectués à l’Opco.
Le solde de la taxe d’apprentissage (0,09%) est attribué par les entreprises aux écoles et établissements de formation de leur choix, parmi la liste des structures habilitées à recevoir ces fonds.
À compter de 2023, la répartition du solde de la taxe d’apprentissage est centralisée via la plateforme SOLTéA.
La chronologie est la suivante :
Il s’agit d’un abus de langage, hérité de l’historique de la réforme.
Le gouvernement et les partenaires sociaux avaient à l’origine l’ambition de fusionner totalement le financement de la formation professionnelle avec celui de l’apprentissage. Le projet de loi initial, suivant en cela l’accord national interprofessionnel, instituait ainsi une « contribution unique à la formation professionnelle et à l’apprentissage ». Derrière, les fonds auraient été répartis entre acteurs de l’apprentissage et de la formation professionnelle. Mais pour l’entreprise, le calcul et le versement de la contribution auraient été unifiés, ramenés à un seul chiffre.
Au cours des débats autour du projet de loi, un amendement en commission des affaires sociales de l’Assemblée a finalement maintenu le principe d’une contribution à la formation professionnelle (1% pour les 11 salariés et plus) et d’une taxe d’apprentissage (0,68% hors Alsace-Moselle) différentes, déclarées et payées séparément par les entreprises. La raison en était d’éviter que des organisations jusqu’alors exonérées de taxe d’apprentissage pour diverses raisons se retrouvent à devoir la payer. Il était plus simple, d’un point de vue technique et légal, de préserver les deux systèmes distincts.
Pour autant, le gouvernement avait déjà affiché la volonté politique d’unifier les deux contributions, et ne souhaitait pas revenir en arrière. Le choix, un peu curieux, a donc été fait de conserver l’appellation « contribution unique » (avec un léger changement de nom, « l’alternance » remplaçant « l’apprentissage » dans la dénomination retenue). L’explication de l’amendement, par une sorte de pirouette rhétorique, parlait de « conforter les objectifs initiaux de la réforme tout en maintenant une contribution unique avec deux régimes de financement distincts ».
Voici donc pourquoi les entreprises paient et déclarent une « contribution unique » qui est en réalité… double ! La contribution à la formation professionnelle (CFP) et la taxe d’apprentissage se renseignent en effet dans des cases bien distinctes de la DSN. Aujourd’hui, on remarque que les sites officiels tendent d’ailleurs à traiter séparément les deux contributions.
Certes, l’unification des contributions formation et apprentissage ne s’est pas vraiment produite. Mais la vraie unification est celle de la déclaration et de la collecte, entièrement confiées à l’Urssaf, et dématérialisées via la DSN. Ce transfert s’est traduit d’une part par une réelle rationalisation pour les entreprises ; d’autre part, par un accroissement de l’efficacité du système et donc du rendement de la collecte. Si la répartition des fonds continue à relever du casse-tête, le nombre d’acteurs et d’intermédiaires s’est réduit, et le système de formation professionnelle est devenu un peu plus lisible.
Crédit photo : Shutterstock / Andrey_Popov
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