Depuis le 24 août, les entreprises peuvent bénéficier, à certaines conditions, d’une aide à l’embauche d’apprentis et de salariés en contrat de professionnalisation. C’est l’élargissement, dans le cadre des mesures d’urgence liées à la situation sanitaire, d’une mesure de la réforme de 2018 : la création de l’aide unique à l’apprentissage. C’est aussi l’occasion de faire le point, plus généralement, sur la place de la formation dans le plan de relance.
[Article mis à jour le 13 octobre 2021]
La situation en 2025 : Aides à l’alternance, suite : les grandes entreprises moins financées
La formation fait partie des moyens mobilisés par les autorités pour lutter contre les conséquences économiques et sociales de l’épidémie de Covid-19. Après la prolongation des financements FNE, une nouvelle mesure cible les contrats en alternance : l’aide de 5 000 à 8 000€ à l’embauche d’apprentis ou de salariés en contrat de professionnalisation. Comment fonctionne cette aide ?
Concrètement, il s’agit d’une extension provisoire de l’aide unique à l’apprentissage créée par la réforme du 5 septembre 2018. La loi avait alors supprimé toutes les aides à l’apprentissage pour la remplacer par une seule prestation, réservée aux entreprises de moins de 250 salariés et aux apprentis préparant un diplôme de niveau bac au maximum.
La loi de finances rectificative du 30 juillet 2020 et les deux décrets du 24 août élargissent quadruplement le dispositif, pour la première année suivant l’embauche du stagiaire :
Deux décrets du 26 février 2021 prolongent le dispositif jusqu’au 31 décembre 2021. Un nouveau décret devrait le prolonger à nouveau jusqu’au 30 juin 2022.
Pour avoir droit à l’aide à l’alternance, il faut :
Les entreprises de 250 salariés et plus qui ne sont pas soumises à la taxe d’apprentissage (c’est le cas notamment des établissements d’enseignement privé) ou non redevables doivent montrer qu’elles emploient 5% de personnes dans ces situations, ou au moins 3% à certaines conditions. C’est le cas également des entreprises qui passent sous le seuil des 250 salariés en cours d’année.
Dans le cas du contrat de professionnalisation, la formation préparée peut conduire :
Attention : les qualifications simplement reconnues par une convention collective, qui peuvent légalement être préparées dans le cadre d’un contrat de professionnalisation, semblent exclues du dispositif d’aide.
Pour bénéficier de l’aide, il faut d’abord que votre Opco ait déposé le contrat d’apprentissage ou le contrat de professionnalisation auprès des autorités.
Pour les entreprises de moins de 250 salariés, cette condition suffit pour percevoir l’aide automatiquement.
Pour les entreprises de 250 salariés et plus, deux étapes s’ajoutent :
L’aide est versée par mensualités, avant le paiement des salaires : il n’y a pas de trésorerie à assurer. Les modalités sont différentes suivant que le salarié est apprenti ou en contrat de professionnalisation :
L’aide s’élève à 5 000 € pour l’embauche d’un jeune de moins de 18 ans, et de 8 000 € pour un jeune de 18 à 30 ans.
Elle est versée par mensualités tout au long de la première année. A partir de la deuxième année, elle n’est plus attribuée. Pour les embauches en contrat de professionnalisation, le bénéfice s’arrête là. Pour les embauches d’apprentis, si l’entreprise a moins de 250 salariés, elle peut bénéficier de la suite de l’aide unique, qui s’élève à 2 000 € la 2e année et 1 200 € la 3e année.
En pratique, vous percevrez donc, en amont du paiement des salaires :
Si vous embauchez un jeune à quelques mois de sa majorité, la mensualité changera à partir du mois suivant l’anniversaire de ses 18 ans. Par exemple, si vous embauchez un jeune le 1er octobre 2020, et qu’il fête ses 18 ans fin décembre, vous recevrez 416,67 € les trois premiers mois, puis 666,67 € pendant 9 mois, soit 7 250 € au total sur l’année.
Rappelons que pour les apprentis, vous bénéficiez également d’exonérations de charges.
Le gouvernement met à disposition un simulateur en ligne. A ce jour, les variables concernant les contrats de professionnalisation ne sont pas à jour et ne tiennent pas compte de l’aide exceptionnelle. Pour l’apprentissage, en revanche, le simulateur permet de se faire une idée, dans le cas où l’apprenti est rémunéré au minimum légal. Quelques exemples :
Pour un apprenti de 17 ans, qui aura 18 ans fin décembre, le simulateur calcule même un coût négatif, mais il s’agit à notre sens d’un bug : le simulateur actualise l’aide en cours d’année, mais pas le salaire de l’apprenti – qui change, lui aussi, le mois suivant l’anniversaire des 18 ans.
La formation professionnelle fait partie des outils mobilisés par le gouvernement dans le cadre du plan de relance. Mais dans quelles proportions ? En plus de l’aide à l’alternance que nous venons de détailler, on connaît les dépenses suivantes :
Ces deux derniers dispositifs s’adressent à la reconversion des salariés, une fonction qui risque de s’avérer très demandée dans les mois qui viennent. L’effort semble sous-dimensionné à Bertrand Martinot, qui y consacre un article dans Les Echos. Pour lui, « des centaines de milliers de salariés vont devoir quitter leur entreprise dans les prochains mois ». Pour accompagner leur reconversion, il propose deux mesures simples et « à bas coût » :
Ses propositions rejoignent celles du Medef, qui recommande de son côté d’augmenter de 400 millions d’euros la dotation du CPF de transition, et de structurer davantage les reconversions.
La formation professionnelle et l’alternance sont donc bien perçues comme des outils indispensables à la relance de l’économie, par la majorité des acteurs. Les intentions, pour le moment, sont suivies de moyens, qu’il appartient aux entreprises et à leurs services formation de s’approprier. Il reste que sur le plus long terme, nous manquons de visibilité sur l’évolution des dispositifs et des ressources qui leur sont allouées.
Crédit photo : Shutterstock / eamesBot
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