Seuls 28% des Français jugent la formation professionnelle pertinente pour les entreprises

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Moins de trois Français sur 10 estiment que le système de formation professionnelle, tel qu’il existe actuellement, répond efficacement aux besoins des entreprises. C’est le résultat d’un sondage YouGov publié à l’occasion du 5e Salon du travail et de la mobilité professionnelle, qui s’est tenu les 17 et 18 janvier 2019. Dans le même temps, les salariés expriment une forte attente vis-à-vis de la formation, une défiance accrue pour les pouvoirs publics, et une confiance mitigée dans leurs entreprises.

 

La formation professionnelle ne répond pas aux besoins de l’entreprise

Au tout début des débats qui devaient conduire à la loi « Avenir professionnel », un sondage Opinionway identifiait la formation comme l’une des priorités des Français en matière de réformes. Un peu plus d’un an plus tard, ils n’ont pas changé d’opinion sur l’importance de la formation professionnelle : selon l’enquête YouGov, conduite auprès de 1000 personnes début décembre 2018, les deux tiers d’entre eux identifient clairement celle-ci comme étant étroitement corrélée à un faible taux de chômage. Le baromètre Cegos de 2017 mettait en évidence un degré d’adhésion plus fort encore, puisque 99% des salariés interrogés estimaient qu’il est important de se former tout au long de la vie (dont 78% de « oui, tout à fait »). Mais que pensent-ils du système tel qu’il est ?

Selon l’enquête YouGov, seules 28% des personnes interrogées considèrent que « les formations professionnelles répondent aujourd’hui aux différents besoins exprimés par les entreprises ». 72% jugent donc que ce n’est pas le cas, ou ne se prononcent pas sur la question. Les plus jeunes (18-24 ans), qui pour la plupart n’ont pas encore été confrontés au monde du travail, sont plus optimistes (41% pensent que la formation professionnelle répond aux demandes de l’entreprise) ; les plus âgés sont les moins enthousiastes – il ne s’en trouve qu’un sur 5 pour partager cette opinion.

 

A qui faire confiance pour réformer et pour former ?

Mais le chiffre le plus étonnant de l’enquête YouGov est sans doute celui de la proportion de répondants jugeant que « l’apprentissage et la formation professionnelle ne sont pas suffisamment pris en compte par nos dirigeants et représentants politiques ». A peine trois mois après le vote de la loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel », en plein déploiement d’une réforme de la formation et de l’apprentissage présentée par ses promoteurs comme un véritable « big bang », les trois quarts des personnes interrogées estiment que l’Etat ne s’intéresse pas suffisamment à la question.

Significativement, les CSP+ et les actifs se montrent moins sévères. Peut-être sont-ils mieux informés ; peut-être leur indulgence découle-t-elle du fait qu’ils bénéficient davantage du système. Selon les chiffres publiés par l’Institut Montaigne début 2018, deux tiers des cadres ont bénéficié d’une formation en 2017, contre 35% des ouvriers. Cette inégalité d’accès à la formation faisait d’ailleurs partie des principaux éléments de diagnostic mobilisés pour justifier la réforme de 2018.

 

Une relation mitigée avec les entreprises

En qui les salariés ont-ils donc confiance en matière de formation professionnelle ? En eux-mêmes, d’abord, répondaient-ils en octobre 2017 à OpinionWay : 64% jugeaient qu’ils devaient être associés étroitement à la réforme. Les Français sont moins unanimes à accorder leur confiance à l’entreprise sur ce sujet, même si 42% d’entre eux le font, selon l’enquête YouGov de décembre 2018.

On aimerait en savoir plus sur ce rapport contrasté aux entreprises : recouvre-t-il, par exemple, une différence marquée entre petites et grandes organisations ? On sait seulement que les salariés des petites entreprises accèdent beaucoup moins à la formation que ceux des grandes (16% dans les entreprises de 10 à 19 salariés, 57% dans les plus de 2000, selon le Jaune budgétaire pour 2019). On peut s’attendre à ce que leurs exigences soient plus importantes en matière de réforme que celles des collaborateurs de grands groupes.

 

Ce qui est sûr, c’est que selon le Cevipof, les PME figurent parmi les structures qui inspirent le plus confiance aux Français (78%, en augmentation), au contraire des grandes entreprises privées (36%, en baisse). Les institutions politiques (présidence, gouvernement, Assemblée nationale) sont les plus mal notées, au même titre que les corps intermédiaires (syndicats). La réforme votée en septembre dernier aura pour effet de flécher davantage de moyens vers les petites entreprises. Elle se veut en outre orientée « utilisateur » (entreprises, salariés, demandeurs d’emploi), et non plus « institution ». Réussira-t-elle à changer la perception du système par les salariés, en leur donnant un accès simplifié à la formation, tout en répondant aux besoins des entreprises ? Il faudra plusieurs années pour le dire.

 

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