L’apprentissage a créé 41 Mds € de valeur ajoutée en 4 ans

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Alors que la 1re université école-entreprise relance le marronnier de l’adaptation des formations initiales aux besoins de l’économie, le cabinet Asterès publie une évaluation circonstanciée du coût et de l’apport de l’apprentissage à la société et aux finances publiques. Selon l’étude, l’apprentissage aurait généré en 4 ans 425 000 emplois supplémentaires et 41 milliards d’euros de valeur ajoutée pour l’économie, avec un solde positif de 11 milliards pour les finances publiques. La simplification de la création des CFA et de l’accès à cette modalité de formation pourrait ainsi s’avérer la mesure la plus féconde de la réforme de 2018.  

 

Hausse de l’apprentissage : le jeu en vaut-il la chandelle ?

Le discours pro-apprentissage est une constante des gouvernements de droite comme de gauche depuis plusieurs décennies. Il aura cependant fallu l’alliance de la réforme de 2018 et des aides exceptionnelles décidées dans le cadre de la gestion de la crise sanitaire pour que les objectifs ambitieux annoncés de façon récurrente soient enfin atteints.

>> En savoir plus sur les aides exceptionnelles à l’apprentissage et à la professionnalisation

Il reste à voir si l’ordre de grandeur atteint en 2020 – 510 300 apprentis embauchés dans le privé – se maintiendra au-delà de la durée d’existence des primes exceptionnelles de 5 000 ou 8 000€, prolongées pour le moment jusqu’au 30 juin 2022. À ce jour, les données sont plus qu’encourageantes : selon PoEm, le tableau des politiques de l’emploi régulièrement mis à jour par la Dares, au 31 juillet 2021, on comptait déjà 112 709 entrées en apprentissage, soit deux fois plus qu’à la même date en 2020. Les aides ayant été mises en place à l’été 2020, et le mois de septembre étant traditionnellement le principal mois d’entrée en apprentissage, il faudra attendre les données de la rentrée pour être fixés pour 2021.


Evolution de l'apprentissage entre 2019 et 2021
Chiffres : Dares, base PoEm

Les entrées en contrat de professionnalisation, elles aussi, ont augmenté en 2021, enrayant leur déclin observé avec constance ces dernières années : on en comptait 54 032 fin juillet 2021, contre 38 204 à la même période l’année précédente (+41,4 %). Les aides exceptionnelles, là encore, sont à l’origine de ce rebond, qui pourrait bien n’être qu’un sursis.

D’ores et déjà, nous constatons donc que la politique de subvention est efficace. Mais est-elle rentable ? Le cabinet Asterès a réalisé, pour le groupe d’enseignement supérieur privé Galileo Global Education, une étude pour essayer de chiffrer l’impact de l’apprentissage dans le supérieur. Avec des résultats très positifs.

 

Une politique coûteuse mais rentable

Selon une étude du ministère de l’enseignement supérieur parue en mai 2021 et citée par le cabinet Asterès, les étudiants de licence et master qui obtiennent leur diplôme universitaire par la voie de l’alternance s’insèrent mieux dans la vie professionnelle que les autres. Ils sont plus souvent en emploi au bout de 30 mois (4 points de plus pour les apprentis, 6 points de plus pour les étudiants en contrat de professionnalisation). Ils sont en outre plus souvent en emploi stable, à temps plein, avec le statut cadre, que les diplômés de la filière étudiante « normale ». De plus, les anciens alternants sont mieux rémunérés, de l’ordre de 200 à 300 € de plus par mois, et se disent globalement plus heureux de leur emploi.

En utilisant les données officielles, l’étude Asterès compare le coût des étudiants pour la collectivité (dépenses de formation, aides à la recherche d’emploi, aide exceptionnelle à l’apprentissage) à leur apport (valorisé à hauteur des salaires perçus). La conclusion est que les apprentis, malgré le coût de l’aide (8 000 €, s’agissant d’étudiants majeurs), « rapportent » directement à la société, 30 mois après leur diplôme, de l’ordre de 5 000 € de plus. En tenant compte de tous les effets indirects et induits, le cabinet arrive même à calculer qu’un apprenti rapporte au trésor public 6 422 € de plus qu’un étudiant standard.

La méthodologie est un peu surprenante, mais l’idée reste que l’apprentissage, à diplôme égal, forme des collaborateurs plus efficaces et dont la qualité est reconnue par les entreprises sous la forme de rémunérations plus élevées.

L’enquête calcule par ailleurs, en comparant à un contrefactuel fictif, que l’apprentissage serait directement responsable de la création de 10 000 emplois en 2020. En ajoutant tous les effets indirects et induits, le cabinet arrive à calculer que les effectifs entrant en apprentissage entre 2020 et 2024 pourraient contribuer à créer plus de 425 000 emplois, correspondant à 41 milliards d’euros de valeur ajoutée produite et 11 milliards de recettes pour les finances publiques.

Si l’on en croit ce calcul, le coût de l’aide exceptionnelle à l’apprentissage de 8 000 € par apprenti (intégré à l’équation) serait vite amorti. Supprimer l’aide après le 30 juin 2022, en revanche, se traduirait en réalité à terme par une perte tant pour la société que pour les finances publiques.

 

Former aux métiers de l’entreprise

La démarche du cabinet Asterès rejoint une préoccupation souvent exprimée par les entreprises et les services de recrutement : l’adéquation des contenus de formation avec la réalité des métiers tels qu’ils sont pratiqués sur le terrain. Du fait que l’étudiant passe du temps dans l’entreprise en situation de travail, l’apprentissage garantit davantage cette adéquation, même lorsque les formations théoriques ne sont pas totalement adaptées.

Les étudiants des filières standard, en revanche, continuent à décevoir les entreprises : selon un sondage OpinionWay pour la Conférence des présidents d’universités (CPU), 81 % des chefs d’entreprise estiment que les diplômés des universités sont insuffisamment préparés à la vie professionnelle. Les diplômés des licences professionnelles, en revanche, sont considérés comme « immédiatement opérationnels » par 68% des 500 entrepreneurs interrogés. En réponse à ces chiffres, les présidents d’universités annoncent leur souhait de développer les formations en alternance, mais aussi de promouvoir la formation professionnelle continue à l’université.

L’alternance en général et l’apprentissage en particulier s’imposent donc comme une voie toujours plus séduisante de recrutement pour les entreprises. D’autant qu’avec la réforme, il est devenu plus facile de créer des CFA, y compris d’entreprise, dont les contenus de formation peuvent être mieux maîtrisés pour correspondre davantage aux attentes des entreprises.

>> En savoir plus sur les CFA d’entreprise

 

Le ministère du Travail vient de publier un Précis de l’apprentissage qui synthétise tout ce qu’il faut savoir pour embaucher un apprenti dans le système issu de la réforme de 2018. Il y est notamment rappelé qu’un contrat d’apprentissage peut être signé jusqu’à la veille des 30 ans de l’apprenti, même si le contrat commence un peu plus tard, et que plusieurs cas de figure permettent même d’aller au-delà de cet âge. Les conditions d’embauche et de rémunération, les formalités de création d’un CFA d’entreprise, les dimensions financières et fiscales… sont abordées en détail dans le document. Pour le DRH comme pour le service formation, l’apprentissage apparaît comme une option de recrutement/formation toujours plus concrète et plus attractive.

Crédit photo : Shutterstock / goodluz

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