2023 : les grandes tendances de la formation professionnelle en 9 vidéos

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2022 aura été une année exubérante pour la formation professionnelle, en particulier sur le front de  l’alternance, même si elle n’aura pas été, loin de là, au cœur des campagnes électorales du premier semestre. L’apprentissage a connu la meilleure année de son existence, grâce notamment aux subventions de l’Etat. Le CPF a battu des records. La reprise et le rattrapage de la période pandémique ont stimulé le marché. 2023, cependant, s’ouvre sur un ciel plus menaçant : la crainte d’un retournement de conjoncture et les tours de vis législatifs et réglementaires initiés par le gouvernement pourraient ralentir la machine. Avec, peut-être, une lueur d’espoir pour les entreprises du côté du CPF : et si l’ère de la co-construction avait enfin sonné ?

En 9 vidéos, nous nous projetons avec vous dans cette nouvelle année 2023. Nous n’oublions pas de faire un tour également sur les autres continents, en Amérique, en Afrique et en Asie, où les enjeux de la formation apparaissent encore plus fondamentaux qu’en France.

Sommaire
Les incertitudes du marché
Comment vont réagir les acteurs ?
Le CPF en 2023 : l’essor de la co-construction avec l’employeur ?
La formation dans le monde

 

Les incertitudes du marché

Dans la présentation de sa nouvelle étude sectorielle « Formation professionnelle : stratégies des acteurs face à l’instabilité réglementaire » (novembre 2022),  Xerfi analyse les grandes tendances à l’œuvre sur le marché. La situation de 2022, caractérisée par  une demande « massive », une réglementation favorable, un fort besoin de compétences et un marché assaini par la réforme, va-t-elle se perpétuer en 2023 ? Rien n’est moins sûr : les « deux locomotives du marché » que sont les aides à l’apprentissage  et le CPF ouvert à tous vents vont réduire leur régime. Dans le même temps, les entreprises risquent de « limiter leurs dépenses de formation […] alors que le contexte économique se dégrade ». Autant de raison, pour les acteurs, d’anticiper un ralentissement.

Comment vont réagir les acteurs ?

Le plateau de BFM Business accueillait début novembre la ministre de la Formation professionnelle Carole Grandjean, le DG-RH du groupe Savencia Laurent Marembaud et la DG du Mercato de l’emploi, Jenny Gaultier. Parmi les thématiques abordées, nous retenons ces deux moments forts :

  • L’apprentissage : Carole Grandjean revient sur l’apprentissage en réaffirmant l’impossible objectif du million. En réponse, Laurent Marembaud confirme que le recrutement d’apprentis a doublé dans l’agro-alimentaire, et prévient que si les aides devaient baisser, les embauches en apprentissage se réduiraient inévitablement.
    • –> Depuis, les aides ont été prolongées mais réduites pour les apprentis majeurs (6 000€ au lieu de 8 000€), même si elles ont augmenté pour les mineurs (6 000€ au lieu de 5 000€). Quel effet aura cette mesure ?
  • Les reconversions: Jenny Gaultier souligne la grande complexité du système et le manque de fléchage clair entre dispositifs emploi et formation. Laurent Marembaud cite l’exemple du programme Archipel de l’agro-alimentaire, qui parvient à générer de la réinsertion en faisant travailler ensemble Pôle emploi, les CFA et les entreprises. Pour Carole Grandjean, la réponse du gouvernement est la création de France Travail.
    • –>La mise en place de France Travail marquera 2023. Elle est censée amener un meilleur fonctionnement collectif des acteurs.

Lien vers l’émission

 

Le CPF en 2023 : l’essor de la co-construction avec l’employeur ?

Deux nouveautés législatives de la fin 2022 vont marquer le CPF en 2023 :  la répression de la fraude et le reste à charge. Mais une troisième évolution, contenue dans la précédente, pourrait-elle les éclipser ?

La fraude au CPF

L’année 2022 devait voir la  fin des arnaques au CPF : elles se sont  maintenues. Cette enquête  de TF1 porte sur les exactions les plus flagrantes, qui auraient touché environ 14 000 personnes pour un montant de 16 millions d’euros. Ici, une jeune femme a été démarchée au nom d’un faux organisme  de formation dont le numéro Siret correspond en réalité à une entreprise d’installation de chauffage individuel… Bien sûr, les détournements du CPF ne se limitent pas  à ces situations extrêmes.

Lien vers l’émission

 

Cette vidéo de Brut entre davantage dans les  détails des différentes méthodes de fraude.

  • Il y a la fraude directe, évoquée dans la vidéo précédente (le fraudeur encaisse les fonds sans délivrer de formation en échange).
  • Il y a ceux qui vont « forcer la main » de l’utilisateur pour qu’il « prenne une formation qui n’est pas forcément de très bonne qualité », en général dans l’informatique, la bureautique, langues, création d’entreprise ».
  • Brut évoque également une autre configuration : une formation de « 30-40€ sur Internet » est achetée par un intermédiaire, qui l’orne d’un QCM et d’une validation des compétences à la fin pour la revendre 1 500 €.

L’intervenant évalue le marché du CPF à environ 60 milliards d’euros (38 M de comptes x 1500 € en moyenne), expliquant ainsi l’ampleur des convoitises et des démarches frauduleuses.

Dans la même vidéo, Laurent Durain, de la Caisse des Dépôts, appelle à la responsabilité des acheteurs : il faut vérifier avant de payer. De son côté, la CDC a porté plainte contre une quarantaine d’organismes de formation. L’intervenant de Brut appelle quant à lui à un meilleur tri des organismes de formation et à une refonte du site : le moteur de recherche est fait de telle sorte que « on ne sait pas ce qu’on achète ».

–> Depuis, la loi du 20 décembre 2022 est venue interdire spécifiquement le démarchage visant à vendre des formations financées par le CPF, que ce soit par téléphone, SMS ou mail. Les contrevenants risquent 375 000€ d’amende (pour une personne morale). Par ailleurs, la CDC a désormais le droit de déréférencer un organisme pour une durée de 2 ans si elle estime qu’il ne remplit pas les conditions. Et les sous-traitants des organismes de formation risquent de devoir justifier d’un numéro de déclaration d’activité, ce qui pourrait affecter significativement la profession.

 

Le financement du reste à charge

Autre nouveauté 2023 : les salariés qui mobilisent leur CPF pour se former devront désormais financer une partie du projet. Les modalités d’applications ne sont pas encore connues, mais il pourra s’agir d’une somme forfaitaire ou d’un pourcentage. Cette vidéo expose cette nouvelle mesure de la loi des Finances (elle a été réalisée avant le vote mais l’amendement a été adopté et la loi publiée).

La mesure a suscité la désapprobation de Muriel Pénicaud, qui a porté en tant que ministre du Travail la réforme de la formation de 2018. Eric Coquerel, président LFI de la Commission des Finances de l’Assemblée nationale, critique ici son principe et les conditions de son adoption.

  • Le point le plus important, peu commenté dans les médias, est peut-être ailleurs : le reste à charge ne s’appliquera pas aux demandeurs d’emploi, mais il existe un autre cas d’exemption : lorsque l’employeur co-finance le projet. L’amendement pour l’instauration du reste à charge constitue donc la première mesure significative d’incitation à utiliser son CPF dans le cadre d’un projet co-construit avec l’entreprise. Le CPF redevient ainsi une ressource potentielle pour le financement du plan de développement des compétences. Les responsables formation n’ont plus qu’à peaufiner leurs argumentaires !

La formation dans le monde

Ailleurs, la formation professionnelle revêt parfois le caractère d’enjeu vital, au travers de parcours de vie semés de difficultés. Cette Vénézuélienne raconte comment elle a dû quitter son pays pour la Colombie, avec son mari et ses trois enfants, interrompant ses études de médecine. La formation lui a permis de se reconvertir dans la pâtisserie et la manucure – un seul métier n’étant pas suffisant pour subvenir aux besoins de ses enfants.

 

Au Mali, le ministre du travail organise un lancement officiel de l’année de la formation professionnelle, et l’événement est retransmis à la télévision. Cette année, la thématique porte sur la  formation comme « outil efficace de lutte contre le chômage des jeunes et des femmes au Mali ». La cérémonie a lieu dans un centre de formation. Les professionnels du secteur en ont profité pour faire valoir leurs doléances : la taxe d’apprentissage et de formation de 2% a en effet été supprimée en 2019. Malgré les promesses successives, elle n’a pas été réinstaurée, et les organismes de formation peinent à se financer.

 

Le Japon, qui fait face à une baisse inquiétante de sa population et en particulier de sa population active, a lancé des programmes internationaux  pour attirer des alternants étrangers. L’un de ces programmes est le TITP (Technical Intern Training Program), organisé avec une quinzaine de pays essentiellement asiatiques, dont l’Inde. Un pays riche en voie de dépopulation fait ainsi, logiquement, appel au pays devenu le plus peuplé du monde en 2022. Il est intéressant de noter que le TITP, conçu à l’origine en 1993, précise dans ses principes fondateurs qu’il ne doit pas servir à « ajuster l’offre et la demande de travail » :  il s’agissait initialement d’un programme de coopération internationale tourné vers le développement des pays tiers.

Dans cette vidéo, la directrice d’un organisme de formation au Japonais explique comment fonctionne le partenariat. On comprend que du côté Indien, le rôle de coordonner le « sourcing » des candidats revient à la National Skill Development Corporation (NSDC), une institution privée (à 51%) chargée d’une mission publique. Au Japon, ce sont les « clusters » industriels (que l’intervenante compare aux Chambres de Commerce indiennes) qui formulent les demandes. L’organisme que dirige l’intervenante fait  partie des prestataires qui forment les candidats à la langue et à la culture japonaise avant leur départ. « Le Japon est un pays très particulier », précise-t-elle ; de ce fait, « la première qualité que l’on recherche chez un candidat est la patience ».

Crédit photo : Pixabaymohamed_hassan / 6013 images

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