En mai, la formation professionnelle est toujours sous les feux de la rampe. Elle continue de faire son festival avec la publication de l’importante enquête Cegos décryptée par Mathilde Bourdat, les discussions autour des normes, le recours au e-learning chez Volkswagen France, la crise de croissance au sein d’Agefos PME…
Pour faire le point sur cette actualité de la formation professionnelle, nous vous proposons ce mois-ci une revue de presse constituée des 5 sources suivantes :
1 – la revue Personnel (n°539) sur l’évolution de la fonction Formation vue par Mathilde Bourdat à travers l’enquête Cegos
2 – Entreprise & Carrières (n°1143/1144) sur la création du CJD chez Opcalia
3 – Liaisons sociales (n°142) sur la crie de croissansce chez Agefos PME
4 – Inffo Formation (n°833) sur les trois nouvelles normes « formation »
5 – Inffo Formation (n°834) sur le recours au e-learning chez Volkswagen France
La fonction Formation « en repli » sur elle-même, selon l’étude Cegos
L’organisme de formation Cegos a dévoilé mi-avril dernier son enquête annuelle sur la formation professionnelle (France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie, Suisse). Mathilde Bourdat, manager Offre et Expertise formation au sein du groupe Cegos, revient sur ces enseignements dans la revue Personnel n°539 (mai 2013). Le constat est peu optimiste pour la fonction Formation ; l’enquête reflète en effet son découragement. « Passeurs d’ordre », « ordonnateurs de stage », les opérationnels de la formation se sentent dépassés au moment où ils devraient prendre leur place dans les « travaux prospectifs sur les évolutions de l’emploi et des compétences ». Pour Mathilde Bourdat, « il est urgent d’agir ». Se priver de la fonction Formation, c’est se priver d’un levier de performance côté entreprises et se priver de développement côté salariés.
Le constat fait par la Fédération de la formation professionnelle n’est pas plus optimiste. Elle apporte toutefois quelques pistes de solutions.
« La formation doit être déclarée cause nationale »
Interviewé par Sandrine Weisz dans le n°539 de la revue Personnel, le président de la Fédération de la formation professionnelle de la région Rhône Alpes revient sur la place de la formation en France et les dispositifs à améliorer pour la développer. Denis de Bénazé constate :
- l’inégalité d’accès à la formation entre les salariés des TPE ou petites PME et ceux des grandes entreprises ;
- le manque de reconnaissance des formations techniques, dès les bacs professionnels ;
- l’inadéquation entre les besoins des entreprises et l’offre de formation. La délocalisation n’est, selon lui, pas systématiquement liée au coût de la main d’œuvre mais au manque de main d’œuvre qualifiée.
Pour améliorer cette situation, il recommande :
- la revalorisation par les pouvoir publics des formations techniques avec, par exemple,« un travail sémantique pour rendre certaines formations plus attractives » et la généralisation de la mise en place de remises de prix de l’apprentissage ;
- l’implantation de centres d’apprentissage au cœur des lieux de production « pour coller au plus près des contraintes du marché » ;
- la remise en cause « des appels d’offres généralisés au-delà d’un certain seuil de marché ».
Ses préconisations de bon sens ne pourront s’appliquer sans une véritable volonté des institutions. A ce titre, de nouvelles mesures devraient être annoncées lors de la prochaine Grande conférence sociale sur l’emploi des 20 et 21 juin prochains.
Les Français font confiance aux branches pour piloter la formation
Le 2 mai, l’Ifop publiait un sondage Acteurs publics/Ernst & Young pour l’Observatoire des politiques publiques. Entreprise et Carrières n°1143/1144 a extrait quatre chiffres de cette enquête :
- 44% des Français interrogés estiment que les branches sont les acteurs les plus à même pour piloter la formation ;
- 24% des Français interrogés accordent leur confiance à l’Afpa ;
- 17% des Français interrogés accordent leur confiance aux régions ;
- 8% des Français interrogés accordent leur confiance à l’Etat.
Et ajoutons que, selon la même étude, 79% des Français considèrent que les dispositifs existants ne répondent pas aux besoins du marché du travail.
Selon cette étude, les Français dressent un portrait sévère des institutions. Il convient toutefois de relativiser ces conclusions. La méthodologie de ce sondage peut, nous semble-t-il, biaiser la nature des résultats. En effet, il s’agissait d’un questionnaire auto-administré en ligne, les réponses sont prédéfinies et peuvent orienter les réponses.
Sur cette même thématique, il nous parait plus opportun de privilégier les analyses des experts de la formation que sont Jean-Pierre Willems et Jean-Marie Luttringer. Ils développent généralement des opinions étayées, argumentées, souvent mises en perspective avec une approche macro-économique et juridique, qui va au-delà des messages récurrents sur la formation professionnelle, souvent négatifs et banalisés.
Les propos de Mathilde Bourdat (citée précédemment dans le revue Personnel et également ceux repris dans l’article de l’Inffo (n°834) nous semblent, également constituer un examen plus fouillé.
Vers la fin du présentiel chez Volkswagen France
Dans ce même numéro de L’inffo est décrit de manière détaillée le virage pris par Volkswagen vers la formation à distance.
Les 27% d’augmentation des coûts de formation en deux ans du constructeur automobile a conduit à une restructuration de la formation pour réduire les coûts, accroître la flexibilité des temps de formation et supprimer les plannings de formation. Accompagné par le cabinet e-learning Strass Productions, Volkwagen France a entamé sa mue mi-2011 par la création de l’ingénierie pédagogique. « Cent-sept modules de compétences ont été conçus en un an et demi, entre 2011 et 2012 » affirme Anne Marleix, présidente de Strass Production. Les concepteurs au sein du cabinet ont travaillé en binôme avec les responsables compétences du constructeur.
Ce projet très important, dont le budget s’élève à 3 millions d’euros, permet, entre autre, de réduire le temps de formation a priori sans perdre en qualité dans l’apprentissage. En effet, une journée de e-learning couplée à une journée de présentiel remplace les cinq jours traditionnels de formation en salle.
Il est encore trop tôt pour évaluer le ROI de cette « révolution culturelle », des développements comme la mise en place de forums d’échanges d’information sur les bonnes pratiques sont en cours. Pour Bruno Lavoisier, chef du département formation technique et service, « une culture d’ateliers virtuels et d’utilisation de simulateurs 3D est encore à créer au sein de notre réseau ».
Les nouveaux usages se généralisent, l’e-learning rencontre progressivement son public. Pour encadrer au mieux la formation professionnelle, trois nouvelles normes « formation » sont adoptées ou en cours d’adoption.
La publication de nouvelles normes Afnor dédiées à la formation
L’Inffo n°833 daté du 1er au 15 mai 2013 fait le point sur la matinée d’actualité du 9 avril dernier, organisée par Centre Inffo, dont le thème était « S’approprier les nouvelles normes de la formation : enjeux, outils et usages ». Voici les objectifs ambitieux de ces trois nouvelles normes Afnor décrites par chaque président de groupe de travail.
- NF X50-768 sur l’évaluation de la formation
Selon Hubert Grandjean, le but de cette norme, actuellement en préparation, est de rendre lisible l’évaluation du processus de formation professionnelle, de donner un cadre de négociation autour de cette évaluation mais aussi de fixer les exigences qui permettent de la rendre pertinente.
- NF X50-769 sur le processus de réalisation d’une action de formation
Selon Jean-Jacques Machuret, l’objectif de cette norme, désormais aboutie, est de montrer que toutes les phases ont un coût réel pour les organismes de formation et de démontrer la qualité des expertises des intervenants. Présentée sous forme Iso pour une future reconnaissance internationale, la norme NX50-769 permettra de répondre aux deux questions suivantes :
- de quoi mon client a-t-il besoin ?
- quel processus de formation doit être mis en œuvre ?
Vaste programme…
- NF X50-760 sur la lisibilité de l’offre de formation
Selon Françoise Gérard, cette troisième norme, toujours en cours d’élaboration, remplace l’ancienne norme élaborée en 1995. Elle facilite l’accès rapide à l’information sur l’offre pour tous les publics (salariés, demandeurs d’emploi, conseillers, commanditaires ou acheteurs) et intègre les évolutions de l’offre de formation professionnelle, qu’elle soit initiale ou continue.
La mise en œuvre de ses démarches qualité est intimement liée au développement des demandes de formation de qualité, surtout en période de conjoncture difficile.
Parmi les partenaires de la formation professionnelle, Agefos/PME se trouve dans une situation délicate alliant problèmes conjoncturels et structurels.
Une crise de croissance chez Agefos PME
Selon l’article de Stéphane Béchaux dans le magazine Liaisons Sociales de mai 2013, Agefos PME , fort d’une croissance importante du nombre de nouveaux adhérents cet organisme rencontre également des problèmes pour :
- réduire ses frais de fonctionnement et de gestion rendus obligatoire par la signature de sa convention d’objectifs et de moyens de novembre 2011 ;
- récolter moins de contributions volontaires des entreprises rognant sur leur budget formation en ces périodes délicates ;
- faire face à des problèmes informatiques permanents liés à la refonte du système d’information non aboutie ;
Pour finir cette revue de presse, deux brèves sur un nouveau partenariat et un nouveau-né dans les institutions.
Un nouveau partenariat pour Opcalia
Les dirigeants salariés comme les collaborateurs salariés des 4000 entreprises adhérentes du Centre des Jeunes Dirigeants (CJD) bénéficient depuis le 1er mars et jusqu’au 30 juin 2014 (convention pouvant être reconduite tacitement passée cette première période) d’un partenariat avec Opcalia nous indique Laurent Gérard dans le n°1143/1144 d’Entreprise & Carrières.
Son objectif est de développer la formation professionnelle, les compétences et l’employabilité de l’ensemble de ses salariés car « Au CJD, personne n’a jamais tenu pour acquis que le dirigeant était »naturellement » compétent » commente le président national du CJD, Christophe Praud. Les formations dispensées seront collectives transversales et métiers. Parmi les formations proposées, les stagiaires pourront choisir également celle d’Etape, organisme de formation-filiale du CJD.
CNFPTLV + CNE = CNEOFP
Le numéro de mai de Liaisons sociales nous annonce la fusion du Conseil national de la formation tout au long de la vie (CNFPTLV) et du Conseil national de l’emploi (CNE) donnant lieu à la création prochaine du Conseil national de l’emploi, de l’orientation et de la formation professionnelle (CNEOFP). Le secrétariat général de ce nouveau conseil pourrait être confié à un groupement d’intérêt public baptisé « Objectif métier » composé notamment de l’Onisep, le Centre Inffo, le CIDJ, le réseau Inter-Carif-Oref, Pôle emploi et le FPSPP.
Lors de la prochaine conférence sociale – le 20 et 21 juin prochain -, la formation sera au cœur des débats. Le blog Management de la formation ne manquera pas de relayer ce rendez-vous dans la prochaine revue de presse.
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