Comment dit-on « formation professionnelle » chez nos voisins ?

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Comment est organisée la formation professionnelle en Europe – et ailleurs ? Nous amorçons aujourd’hui une série d’articles consacrés au sujet. En guise d’introduction, nous nous sommes intéressés à la façon dont la formation professionnelle est conçue et perçue chez nos voisins, à partir des travaux du Cedefop. Avec une première découverte : il existe bien une exception française… au moins dans la façon d’aborder le sujet.

 

Le Cedefop (Centre européen pour le développement de la formation professionnelle) a commencé la publication d’une série d’études consacrées à la formation professionnelle dans les différents pays d’Europe, et aux évolutions des systèmes depuis 20 ans. Centrés plutôt sur les pédagogies de l’alternance en formation initiale, ces documents abordent également la formation continue.

 

De quoi « formation professionnelle » est-il le nom ?

Après un premier volume consacré à définir un cadre d’analyse et de questionnement du sujet, le second volume donne la parole aux experts de 30 pays (Union européenne + Norvège et Islande) pour qualifier leurs systèmes nationaux et les changements qui les ont affectés.

Le rapport dégage quelques grandes constantes en matière de perception de « l’enseignement et la formation professionnels » (traduction officielle de « Vocational Education and Training », ou VET ; « education » se traduisant par « enseignement », « training » par « formation »). Les experts de la formation interrogés considèrent globalement les actions de formation professionnelle comme orientées métier, visant à former une main-d’œuvre qualifiée. Le terme est considéré comme désignant un type de formation moins prestigieux que les cursus généraux ou académiques. Dans la plupart des pays, la « VET » s’adresse d’abord aux jeunes et forme à des niveaux de qualification intermédiaires. Elle est coordonnée par les gouvernements centraux et financée sur les budgets éducation.

 

4 « modèles » de perception différents

Mais ce portrait-robot souffre de nombreuses exceptions, et l’étude distingue en définitive 4 types de modèles, en fonction de la façon dont est perçue la formation professionnelle.

  • Un groupe de pays tend à faire l’équation entre formation professionnelle et formation initiale en alternance. C’est le cas de l’Allemagne, du Danemark et de l’Autriche – dans une moindre mesure de la Hongrie. Dans ces pays, l’accent est mis sur le « learning by doing», et l’entreprise joue un rôle central tant dans la pédagogie que dans le financement.
  • Un second groupe (le plus nombreux) privilégie le sens d’enseignement supérieur professionnel, délivré dans des établissements publics et intégré aux cursus d’enseignement supérieur classiques, dans le cadre de la formation initiale. Ces pays comprennent l’Espagne, la Flandre belge, la Roumanie (enseignement professionnel initial thématique, non spécifique à un métier), le Portugal, les Pays-Bas, la Pologne (enseignement professionnel orienté métier).
  • Les pays du 3e groupe (Royaume-Uni et Irlande, essentiellement) perçoivent la formation professionnelle comme étant la formation continue des adultes, dans une optique d’adaptation au marché du travail et aux besoins des entreprises.
  • Le dernier groupe de pays comprend principalement la Finlande et la France (mais aussi l’Italie dans une moindre mesure). La formation professionnelle y désigne l’ensemble des dispositifs qui concourent aux apprentissages tout au long de la vie, de la formation initiale en alternance à la formation continue des adultes sous toutes ses formes.

En France, plus qu’ailleurs, la formation professionnelle apparaît donc davantage un concept englobant que comme un processus précis. Elle inclut la formation dans une variété de contextes : insertion, évolution, reconversion professionnelles, sur des compétences métier ou transversales, via des organismes privés ou publics… On perçoit bien cette ambition dans les discussions autour de la réforme de la formation professionnelle, qui cherche à répondre simultanément à toutes ces problématiques, à fournir un cadre unique à cette diversité. Cette approche, il semble bien, relève bien d’une forme d’exception française.

 

Zoom sur la formation initiale

Le Cedefop a en outre tiré de son enquête un petit document présentant quelques chiffres clés sur la perception de la formation professionnelle en Europe – davantage sous l’angle de la formation professionnelle.

Si la Finlande et la France se situaient dans le même groupe pour ce qui est du sens donné à l’expression « enseignement et formation professionnels », ils se retrouvent à l’opposé en matière de perception de la formation professionnelle initiale des jeunes (16-18 ans). Les Français interrogés ne sont que 51% à en avoir une vision positive – l’avant-dernier score, avant celui de la Hongrie (49%). Les Finlandais sont en haut de la liste, avec 84% d’opinions positives.

On apprend également qu’un jeune Européen sur deux n’a jamais vraiment reçu d’information sur la formation professionnelle au cours de sa scolarité dans le secondaire. Les trois quarts des personnes interrogées estiment que la formation professionnelle est réservée d’abord à ceux qui ont de mauvais résultats dans le système général, et que celui-ci a une meilleure image. Dans le même temps, ils sont 86% à considérer que la formation professionnelle confère des compétences recherchées par les entreprises, et 67% à estimer qu’une certification professionnelle permet de trouver rapidement un emploi.

Sur ce dernier point, la question a été posée aux diplômés du système général et à ceux de la formation professionnelle : il s’avère que ces derniers ont trouvé un emploi plus rapidement que les premiers (60% en moins d’un mois ou avant même la fin de leurs études, contre 49% pour les diplômés de l’enseignement supérieur académique). Interrogés sur leur degré de satisfaction quant à leur expérience de formation, les uns et les autres sont également contents des compétences acquises et de la qualité de l’enseignement (9 fois sur 10 pour les deux populations). En revanche, 87% des diplômés du professionnel sont satisfaits de leurs compétences métier (« work-related »), contre seulement 62% de leurs congénères des filières générales.

 

L’enquête du Cedefop permet ainsi de replacer notre conception de la formation professionnelle en perspective, en soulignant les différences – le périmètre couvert par le terme, en particulier. La relative mauvaise presse de la formation professionnelle initiale, conçue comme « voie de garage » pour les élèves les moins performants, contrastant avec de bonnes performances en matière d’insertion – tout cela, en revanche, nous est plutôt familier ! Nous aurons l’occasion de revenir, dans les semaines qui suivent, sur les autres modèles de formation professionnelle – avec une première étape en Allemagne.

Crédit illustration : fotoliaMaxim Grebeshkov

 

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