On a testé pour vous : la formation dans le métavers

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C’est l’une des innovations qui pourraient révolutionner la formation dans les années à venir. Nous en parlions en juin dernier : les métavers commencent à être utilisés par certaines écoles pour délivrer des cours à distance. Quand pourra-t-on faire de même en formation professionnelle ? Quels en sont les avantages et les inconvénients ? Est-ce vraiment très différent d’une classe virtuelle classique ? Pour le savoir, nous nous sommes rendus sur place, dans le MetaKwark, l’univers virtuel éducatif créé par le groupe Kwark.

 

Rendez-vous dans le métavers : venez comme vous êtes

La formation se tient dans l’auditorium n°1. Karim Hechmi, alias « Tonton Karim », formateur et dirigeant de l’agence d’événementiel RH FindYourWay, va nous apprendre à optimiser notre profil LinkedIn. La formation dans le métavers peut prendre de multiples formes : le nombre de participants, le mode d’interaction avec le formateur et avec les autres apprenants, l’approche pédagogique, le degré de participation varient en fonction des besoins. Nous sommes loin d’avoir épuisé la question en assistant à cette session : mais il faut bien commencer quelque part.

Formation dans le métavers - Metakwark - accueil

Guillaume de Lacoste, directeur marketing de Kwark Education, m’avait prévenu quelques jours plus tôt, en me présentant les lieux : il est bon de se connecter un quart d’heure à l’avance, en particulier la première fois. Il s’agit de créer son avatar et de suivre le très bref tutoriel de prise en main.

Bien sûr, j’arrive à peine 5 minutes avant l’heure, je personnalise mon avatar à la va-vite et me précipite du mieux que je peux dans l’auditorium, que je n’atteindrai qu’après avoir dû changer d’ordinateur pour des problèmes de configuration. Par acquit de conscience, je suivrai le tutoriel après la formation. La mésaventure m’aura appris que l’interface est particulièrement intuitive : entrer, sortir et revenir dans l’espace virtuel ne m’aura pris que quelques minutes. J’arrive en retard dans l’auditorium, mais la formation vient juste de commencer.

Formation dans le métavers - Metakwark - entrée de l'auditorium

VR or not VR ?

L’un des secrets de cette simplicité d’accès est le choix fait par le groupe Kwark de créer un métavers accessible sans casque de réalité virtuelle. « La réalité virtuelle est un outil intéressant en formation quand il s’agit de travailler sur des gestes professionnels précis : en chirurgie, par exemple. Mais le casque de VR, c’est maximum 20 minutes. Au-delà, il est mal supporté. »

Métavers et réalité virtuelle sont en effet deux notions bien différentes : le métavers, c’est l’univers virtuel dans lequel on se déplace en image, sous la forme d’un avatar, et où l’on se retrouve avec d’autres personnes qui y accèdent de la même façon. Le casque de réalité virtuelle est une interface technique qui permet d’accroître la dimension immersive, mais ce n’est pas un prérequis. « Meta ne nous aide pas à ce point de vue-là : en créant une académie du métavers spécialisée dans la formation aux technologies de la réalité virtuelle, ils entretiennent la confusion des concepts ».

Le quidam équipé d’un simple PC peut très bien rejoindre un métavers armé de sa seule souris. « Nous proposons une expérience qui est plus proche de celle des jeux vidéos d’aujourd’hui ».

 

L’avatar : soyez vous-même

Il est possible d’utiliser un avatar générique, mais l’interface permet de créer rapidement un personnage qui vous ressemble et vous représentera dans le métavers : taille, type, corpulence, couleur des yeux et des cheveux, lunettes, vêtements peuvent être customisés. « Le principe est celui du photoréalisme », explique Guillaume de Lacoste. Les utilisateurs sont libres de créer l’avatar qu’ils souhaitent, mais l’idée reste de se sentir habiter l’espace, de sentir sa propre présence et celle des autres ». Le MetaKwark utilise donc une photo de nous-même, que l’on peut fournir ou prendre sur le moment, pour dessiner notre avatar.

Formation dans le métavers - Metakwark - avatar

(N’ayant pas eu le temps de faire de copie d’écran de cette phase lors de mon entrée précipitée dans le MetaKwark, j’emprunte ici un avatar de Guillaume de Lacoste, copié lors la séance de présentation).

 

Le centre MetaKwark : visite des locaux

Avant d’arriver à l’auditorium, je traverse le grand hall, qui ressemblait à ceci ce jour-là :

Formation dans le métavers - Metakwark - hall ancien

Je précise « ce jour-là », parce que l’interface a été rénovée entre-temps, et j’avais eu l’occasion de visiter la version bêta des nouveaux locaux quelques jours avant :

Formation dans le métavers - Metakwark - hall nouveau

Différentes portes desservent des espaces aux fonctions diverses : auditoriums pour les webinars, salles de classe, petites salles pour accueillir des ateliers ou des « one to one », espaces de job dating, showrooms.

Formation dans le métavers - Metakwark - salle extérieure

Conçu par l’architecte Manal Rachdi, le MetaKwark comporte également des espaces « en extérieur », comme cette grande table de réunion dotée d’un écran de projection où l’on peut partager des contenus multimédias.

Pour entrer en contact écrit avec les autres visiteurs, il suffit d’en faire la demande auprès des intéressés. Pour se parler de vive voix, il faut être dans une zone sonorisée, comme la bulle transparente que l’on aperçoit ci-dessous.

Formation dans le métavers - Metakwark - bulle

En mezzanine, on trouve encore d’autres espaces de rencontre et de réunion.

Formation dans le métavers - Metakwark - mezzanine

Une barre d’outils donne accès à différentes fonctionnalités d’accessibilité, comme ce plan des espaces qui permet de se transporter rapidement d’un point à un autre, ou l’agenda qui contient les dates et heures des réunions auxquelles on est inscrit et vers lesquelles il est possible de se téléporter à l’horaire convenu.

Formation dans le métavers - Metakwark - plan

La formation elle-même : une convivialité gamifiée

Poussons donc la porte de l’auditorium 1, à gauche en entrant dans le MetaKwark. Retardataire, je prends discrètement place au milieu de mes co-apprenants. L’audience est assez clairsemée, mais je compte tout de même 25 ou 30 participants, à la louche.

Formation dans le métavers - Metakwark - gradins côté(à ma droite)

Formation dans le métavers - Metakwark - gradins arrière

(derrière moi)

 

Face à moi, l’intervenant, Tonton Karim, apparaît un peu perdu sur la grande scène, avec Sarah Alcide, qui représente Kwark Education. Lui seul a la parole : comme lors d’un webinar, les participants n’interviennent que par chat. La barre de gauche, que l’on peut facilement faire apparaître et disparaître, tient le journal des questions et des réponses des apprenants. Est-il possible de bavarder incognito avec son voisin, via le chat ? Il me semble que oui, via une demande de contact, mais je n’ai pas eu la présence d’esprit de faire l’essai.

Formation dans le métavers - Metakwark - scène 1

Le grand écran au-dessus de la scène permet au formateur de diffuser ses supports pédagogiques. Karim Hechmi a fait le choix d’une présentation gamifiée, qui prend la forme d’un quizz auquel les apprenants sont invités à participer. Le commentaire des réponses est l’occasion, à chaque fois, d’apporter des précisions et du contexte sur un aspect ou un autre de l’utilisation de LinkedIn – thème de la formation. Les choix de chacun sont notés et donnent lieu à un classement des participants, qui évolue au fil de la formation. Celle-ci est tout entière structurée autour des 23 questions du quizz. Pour intéresser la partie, le vainqueur gagne une enceinte bluetooth.

Techniquement, le questionnaire est administré via l’application Kahoots, que nous sommes invités à installer sur nos téléphones. C’est via ces derniers que nous répondons aux questions, afin de ne pas encombrer l’écran où notre présence virtuelle est représentée.

Le procédé pédagogique fonctionne plutôt bien : 15 jours plus tard, je me souviens encore des réponses qui m’ont surpris, et qui correspondent donc aux points que j’ai appris. Un support pédagogique récapitulatif m’aurait sans doute aidé à consolider l’apprentissage ; ayant toujours été un élève distrait, je ne sais plus dire si un tel support a été proposé, mais rien n’interdit au formateur de le faire, par exemple en communiquant un lien via le chat.

 

Bilan de l’opération

Malgré quelques menus déboires techniques de mon côté (un de mes PC est manifestement fâché avec l’interface) et côté métavers (lors de la conclusion, le micro de la représentante du MetaKwark ne fonctionnait pas), l’expérience d’ensemble est remarquablement simple et fluide.

L’un des avantages majeurs de la formule est en effet sa légèreté technique : les images sont entièrement vectorisées, et l’essentiel des flux de données est consacré à la transmission de la voix. L’ensemble est donc beaucoup plus stable et moins consommateur de ressources qu’une réunion Teams.

L’effet d’immersion est réel, sans être envahissant ni intimidant. Voir les autres participants sous forme d’avatars dans un espace en trois dimensions leur confère davantage de réalité que les petits carrés d’une réunion en visioconférence ou que les interventions épisodiques en chat lors d’un webinar. Dans le même temps, le fait d’être représenté par la médiation d’une image permet d’éviter l’intrusion dans son espace personnel, de ne pas avoir à se soucier d’être vu. C’est un bon compromis.

L’incarnation du formateur, en revanche, est assez limitée. Il apparaît en tout petit au fond de la scène, et le lien mental avec la voix ne se crée pas vraiment de façon flagrante. Un avatar en plus gros plan, cependant, pourrait s’avérer agaçant et encombrerait l’espace dédié aux supports pédagogiques. Le choix de l’éloignement du personnage est donc probablement pertinent.

L’intégration de solutions tierces comme kahoots donne un exemple de ce qu’il doit être possible de faire en matière d’innovation pédagogique. Cela suppose, il est vrai, une vraie formation des formateurs aux possibilités de ces nouveaux outils. Le MetaKwark propose déjà une variété de configurations qui restent à explorer.

 

La formation dans le métavers n’en est qu’à ses balbutiements. Il est réconfortant de constater qu’elle ne révolutionne rien : c’est la garantie d’une opérationnalité rapide du procédé. Nul besoin de se muer en homme nouveau ou d’intégrer des concepts complexes du web 3.0 pour en retirer les bénéfices. Il faudra sans doute un certain nombre d’années d’expérimentation pour en cerner plus précisément les possibilités, les risques et les avantages. Le MetaKwark est déjà ouvert aux entreprises qui souhaitent organiser des formations, des conférences, des ateliers…, que ce soit via la location de salles dans un espace partagé ou la mise à disposition d’un métavers dédié. Nul doute que d’autres prestataires offriront à terme des prestations de ce type : nous assistons à la naissance d’un nouveau segment sur le marché de la formation.

Crédit illustration : MetaKwark

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Un commentaire

  1. Merci pour cet article particulièrement clair.
    Aujourd’hui le business model des prestataires porte sur la location de salles dans un espace partagé ou la mise à disposition d’un métavers dédié. Nous avons des loueurs d’espaces qui n’apportent aucune méthodologie pédagogie en lien avec l’outil.

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