Réalité augmentée (AR) : quel apport pour la formation en entreprise ?

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À la différence de la réalité virtuelle, la réalité augmentée maintient l’utilisateur dans le monde réel. Elle y ajoute des éléments, du contexte, des révélations, des explications, voire des objets virtuels interactifs. Le potentiel évident pour la formation des salariés en entreprise a déjà commencé à être exploité. Mais où en est-on exactement sur le terrain, dans les organisations, et sur le marché de la formation professionnelle ?
 
Sommaire
Qu’est-ce que la réalité augmentée (AR) ?
Quelle différence entre réalité augmentée et réalité virtuelle ?
Comment l’AR peut-elle s’insérer dans un dispositif de formation ?
Où en est le marché de l’AR en formation ?
Quel apport de l’AR à l’Afest ?
Quelle est l’efficacité de la formation en réalité augmentée ?

 

Qu’est-ce que la réalité augmentée (AR) ?

La réalité augmentée – en anglais Augmented Reality, d’où l’acronyme AR – consiste en la superposition d’informations à la perception ordinaire de l’individu. Par exemple, l’utilisateur regarde un monument, et la date et les circonstances de sa construction lui sont communiquées en surimposition.

L’AR ajoute donc à l’expérience du réel un certain nombre d’éléments qui peuvent être visuels, mais aussi auditifs, tactiles, voire olfactifs. En un sens, les audioguides géolocalisés des musées représentent déjà une forme de réalité augmentée.

Le plus souvent, cependant, l’AR est associée à l’incrustation en temps réel d’informations textuelles et/ou visuelles sur un écran – qu’il s’agisse de celui d’un mobile, d’une tablette ou de lunettes de réalité augmentée de type Hololens.

L’expression « réalité augmentée » remonte à 1990, et les premiers prototypes datent de la dernière décennie du XXe siècle. C’est cependant au cours des années 2010 que les technologies de l’AR ont été démocratisées et popularisées. Le jeu « Pokemon Go », lancé en 2016, a habitué toute une génération d’utilisateurs de smartphone à rechercher des informations « cachées » dans l’espace environnant (en l’occurrence, des créatures imaginaires).

Les technologies qui peuvent être en jeu dans la réalité augmentée sont :

  • L’incrustation d’informations visuelles sur un écran ou un dispositif, transparent ou non ;
  • La captation visuelle et l’analyse d’images ;
  • La captation de mouvements ;
  • La géolocalisation ;
  • L’analyse de données en temps réel…

C’est la combinaison de ces différentes technologies qui permet de créer une expérience de réalité augmentée plus ou moins complète.

 

Quelle différence entre réalité augmentée et réalité virtuelle ?

La réalité augmentée ne doit pas être confondue avec la réalité virtuelle (VR). Cette dernière technologie consiste à plonger l’utilisateur dans un univers entièrement digital, qui peut être un métavers s’il est partagé. C’est alors l’ensemble de la réalité qui est simulée. L’individu peut avoir l’illusion qu’il se déplace, mais en réalité, il reste assis sur sa chaise. Même si, dans le cas du métavers, il rencontre les avatars d’autres personnes.

Avec un équipement de réalité augmentée, l’utilisateur évolue dans le monde réel. L’AR vient ajouter des éléments à ce qu’il perçoit – ou éventuellement masquer certaines parties du réel. Ce n’est pas une technologie 100% immersive : elle n’immerge pas l’individu dans un univers fictif.

Les technologies, cependant, sont parentes, et il n’est pas rare que les deux soient associées (voir l’exemple de Renault ci-dessous). Certains casques permettent même de passer de l’une à l’autre : de l’isolement en réalité virtuelle à la vision de l’environnement augmenté. La réalité virtuelle permet davantage des cours théoriques ou d’apprendre des gestes dans leurs grandes lignes ; la réalité augmentée implique davantage l’utilisateur dans l’action et dans son environnement.

Certains appellent « réalité augmentée » le fait d’ajouter du contenu dans l’espace et « réalité mixte » le fait d’introduire des objets virtuels interactifs. On peut aussi considérer réalité augmentée, réalité mixte et réalité virtuelle comme des degrés croissants d’immersion. L’association France Immersive Learning vient ainsi de publier, avec le concours de Meta, un guide pratique consacré aux pédagogies immersives, abordant aussi bien l’AR que la VR.

 

Comment la réalité augmentée peut-elle s’insérer dans un dispositif de formation professionnelle ?

Même si la réalité augmentée a d’abord été popularisée par des jeux, certaines de ses premières applications avaient une visée pédagogique. Dès le début des années 1990, aux Etats-Unis, des expériences ont été conduites dans le domaine militaire : des soldats embarqués dans des blindés menaient des combats contre des ennemis virtuels incrustés dans leurs moniteurs, tout en évoluant dans un espace réel.

La réalité augmentée peut ainsi favoriser les apprentissages, en créant un environnement pédagogique mixte réel/virtuel. L’apprenant évolue dans le monde physique, et l’AR vient ajouter :

  • Soit du contenu contextuel, c’est-à-dire du texte ou des images qui révèlent des éléments invisibles à l’œil nu ou donnent des éléments d’explication. Par exemple, en montrant l’intérieur d’un bâtiment ou d’une machine ; en communiquant des instructions sur le fonctionnement d’un appareil ; en donnant des éléments historiques sur un bâtiment ou une œuvre ; en affichant le nom des objets et lieux rencontrés dans une langue étrangère…
  • Soit des objets virtuels avec lesquels l’apprenant peut interagir, dans une optique de simulation. C’est le cas dans l’application militaire mentionnée plus haut. Dans ce cas, l’utilisateur peut apprendre des gestes et des comportements à adopter en présence de certains phénomènes ou situations (incendie, attaque, accident…) sans courir de risques et sans destruction matérielle.

La pertinence de la réalité augmentée dans la formation dépend en partie du facteur coût. D’un côté, développer ce type de solutions et recourir aux équipements nécessaires peut vite faire grimper la note. De l’autre, comme c’est le cas également avec la réalité virtuelle, la possibilité de s’exercer sur des objets non-matériels, de façon non-destructive, peut représenter une économie substantielle.

 

Où en est le marché de l’AR en formation ?

Concrètement, les applications de la réalité augmentée à la formation ne sont pas encore arrivées au stade de l’industrialisation. Pour une large part, le marché consiste en spécialistes de la réalité augmentée et virtuelle qui mettent leur technologie au service d’objectifs pédagogiques identifiés par des grandes entreprises. La formation en réalité augmentée s’achète peu sur étagère.

Une première vague d’expérimentations a suivi le succès planétaire du jeu Pokemon Go en 2016. Dès 2017, le groupe Renault proposait ainsi une formation à la réparation de batteries en réalité augmentée (en complément d’un serious game sur le même thème en réalité virtuelle).

Plus récemment, toujours dans le domaine industriel, l’entreprise familiale MOM Packaging a mis au point ARVeesio, une solution qui permet de simuler la maintenance de machines industrielles, et donc de former plus vite les techniciens à intervenir. Il ne s’agit pas à proprement parler d’un logiciel de formation, mais d’un outil de Maintenance industrielle assistée, qui participe d’un processus d’apprentissage continu.

Dans d’autres domaines, des prestataires commencent à proposer des solutions génériques ou adaptables de formation en réalité augmentée dans les domaines de la sécurité, de la vente ou même du management.

Globalement, le marché de la réalité augmentée était évalué à 32 milliards de dollars en 2022, dont 60% pour le hardware. Il pourrait atteindre 88 milliards en 2026. La part de la formation dans ce marché n’est certes pas connue ; mais la banalisation de la technologie ne pourra que stimuler les usages pédagogiques. Les mois et les années à venir devraient être décisives pour ce marché en émergence.

 

Quel apport de l’AR à l’Afest ?

La réalité augmentée est particulièrement adaptée à la formation en situation de travail (Afest), sur certains types de compétences. L’exemple de la maintenance industrielle assistée, mentionné plus haut, est compatible avec la notion de formation sur le lieu et même l’outil de travail.

Plus généralement, la réalité augmentée, en diffusant instantanément une information sur les outils et l’environnement de travail, peut contribuer à accélérer un apprentissage et la mémorisation de gestes. Plutôt que d’alterner théorie et pratique, l’apprenant peut être mis immédiatement en contexte de travail, avec un tuteur, et trouver une grande partie des réponses à ses questions dans la réalité augmentée. La prise en main d’une machine, l’apprentissage de gestes de sécurité, la gestion de certaines situations… peuvent ainsi être intégrées plus rapidement par l’apprenant.

 

Quelle est l’efficacité de la formation en réalité augmentée ?

L’application de la réalité augmentée à la formation est encore récente, et nous manquons de recul pour connaître précisément son impact sur l’efficacité pédagogique. Des recherches précises sont conduites par des experts en pédagogie multimédia dans la continuité des travaux de Richard E. Mayer. Pour le moment, il semble que la réalité augmentée (comme la réalité virtuelle) apporte davantage de valeur ajoutée pédagogique lorsqu’elle est faiblement immersive (vs fortement immersive).

Des recherches très fines portent sur les différents leviers d’amélioration des apprentissages en contexte multimédia. Par exemple, cette étude cherche à établir les effets respectifs, dans la formation en AR, des principes de contiguïté spatiale (le fait que le visuel et le texte soient présentés dans un même espace) et de cohérence (l’effet produit par l’ajout de son à l’image). Dans la théorie de l’apprentissage multimédia, la contiguïté spatiale réduit l’effort à fournir pour assimiler les connaissances, et l’ajout de son a un effet distrayant. L’AR devrait donc en principe améliorer l’apprentissage en présentant textes et visuels côte à côte, et le détériorer en ajoutant des sons. L’étude ne trouve aucun effet statistiquement significatif qui validerait ces hypothèses… Mais il ne s’agit là que de deux leviers possibles !

 

Les chercheurs en pédagogie appliquée n’ont donc pas fini de peaufiner l’outil « réalité augmentée » en contexte de formation. Les pionniers du domaine continuent par ailleurs, sur le terrain, à développer des solutions. Les premiers résultats théoriques et expérimentaux montrent que l’AR pourra apporter des bénéfices substantiels, à condition d’être conçus dans les règles de l’art et en cohérence avec les objectifs pédagogique de chaque entreprise et apprenant. La réalité augmentée en formation n’en est plus au stade du prototype ; elle n’a pas atteint encore le stade de l’industrialisation. C’est maintenant que tout se joue !

Crédit photo : Shutterstock / Gorodenkoff

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