32% des Français suivent une formation professionnelle chaque année

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Les Français sont moins nombreux à bénéficier de la formation professionnelle que la moyenne des habitants de l’OCDE. C’est l’un des enseignements du tableau de bord PAL, pour « Priorities for Adult Learning » (priorités de la formation des adultes), mis au point par l’organisation pour évaluer la situation de la formation professionnelle dans l’ensemble des pays membres. L’objectif est d’identifier les paramètres à améliorer dans chaque pays pour développer la performance du système de formation. Où en est la France par rapport à ses voisins ?

  

La France moins formatrice que la moyenne

Selon les données de l’OCDE, un peu moins du tiers des Français de 25 à 64 ans suivent chaque année une formation liée au travail, contre 41% dans l’ensemble de l’OCDE. Si on regarde du côté des publics prioritaires, les résultats sont encore  plus inquiétants : seuls 15% des adultes peu qualifiés participent à la formation professionnelle chaque année, soit 5 points de moins que la moyenne. Ils sont 13% chez les seniors et 16% chez les chômeurs de longue durée.

Sur ces indicateurs de participation, la France réalise donc des performances inférieures à la moyenne. Or, l’OCDE considère déjà cette moyenne comme inquiétante, en regard de l’ampleur des enjeux liés à la formation dans les pays développés. Selon les données de l’organisation, 32% des emplois vont changer significativement de contenu du fait du progrès technologique, tandis que 14% risquent même d’être automatisés. L’efficacité des systèmes de formation professionnelle représente donc un enjeu à la fois social et économique majeur.

>> En savoir plus sur les métiers et les compétences de demain

 

7 indices et un tableau de bord

Pour éclairer les dirigeants de ses pays membres, l’OCDE propose un tableau de bord en 7 indices, destinés à identifier les leviers à actionner dans chaque pays pour améliorer la situation. Ces indices combinent de nombreux indicateurs, qui visent à mesurer de façon synthétique :

  • L’urgence d’agir : cet indice combine les variables démographiques (vieillissement, taux de dépendance), technologiques (part des métiers exposés au changement), économiques (exposition à la mondialisation) et éducationnelles (niveau de formation).
  • La couverture du système de formation (part des entreprises qui forment et des individus formés).
  • L’inclusivité du système (degré d’inégalités d’accès à la formation par genre, âge, niveau de formation et de salaire, situation par rapport à l’emploi, taille de l’entreprise).
  • Le financement (public, par l’employeur, par les individus) ;
  • L’adéquation : il s’agit d’un indice très composite qui contient la propension des entreprises à évaluer les besoins en compétences, à anticiper les formations pour répondre à ces besoins, à former les travailleurs les plus précarisés par le changement, ainsi que les tensions sur le marché du recrutement liées à la pénurie de compétences.
  • L’impact de la formation (utilité perçue de la formation, conséquences de la formation en matière de progression professionnelle ou salariale)
  • La flexibilité et l’orientation (accès à la formation à distance et à l’information sur la formation).

Sur l’ensemble de ces indicateurs, la France s’écarte assez peu de la moyenne. Elle la dépasse à 5 reprises, et se situe en-deça dans les 2 autres.

 

Une bonne adéquation liée davantage aux perceptions des entrepreneurs qu’aux pratiques réelles

C’est sur l’adéquation que la France réalise le score le plus élevé (0,68). A la question « la formation professionnelle répond-elle aux besoins en compétences du marché du travail » en France, la réponse est donc plutôt positive selon l’OCDE. Si on entre dans les détails, on constate que les employeurs français se plaignent plutôt moins que ceux des autres pays de rencontrer des difficultés à recruter les bons profils, et craignent moins pour leurs performances en raison de ce type de pénurie. Pour autant, les entreprises françaises ne figurent pas parmi les meilleurs élèves en matière d’évaluation des besoins de formation (15e sur 24 pays renseignés) ni pour la formation préventive des salariés en risque de précarisation (21e sur 28).

 

Les autres bons points : inclusion, flexibilité/orientation, financement

Sur trois indicateurs, la France se situe au-dessus de la moyenne de l’OCDE.

En matière de financement de la formation, le système français est 13e sur 30 et dépasse très légèrement la moyenne. Ce résultat dissimule des chiffres très contrastés. Les entreprises françaises sont celles qui investissent le plus dans la formation, selon l’étude : plus de 16% de leurs investissements sont consacrés à ce poste. Sans doute cette donnée, qui date de 2016, inclut-elle la contribution de 1% à la formation professionnelle. Par ailleurs, les entreprises françaises arrivent en deuxième position pour ce qui est de la part d’entre elles qui participent au financement de la formation de leurs salariés. La France est en outre 4e en matière de financement gouvernemental et 8e pour le financement par les individus. Elle est en revanche en queue de peloton pour le financement des formations non-formelles, et en tête pour ce qui est du renoncement à se former pour des raisons financières. L’indice obtenu par notre système de formation professionnelle résulte donc d’une moyenne entre un bon niveau de financement et un bas niveau de satisfaction.

>> En savoir plus sur le financement de la formation par les entreprises françaises

Sur l’inclusion, la France arrive 12e sur 29. Ses performances ne sont pourtant pas particulièrement impressionnantes, à l’exception de l’égalité entre les femmes et les hommes, qui est à peu près totale en matière d’accès à la formation selon les données OCDE. Pour les autres catégories (différences de revenus, âge, diplôme, situation par rapport à l’emploi) les écarts sont dans la moyenne basse, mais à des niveaux d’accès à la formation qui sont également bas.

>> En savoir plus sur les inégalités d’accès à la formation en France

Dernier point positif : l’accès à l’orientation et aux formations à distance, où les Français sont un peu mieux classés que la moyenne.

 

Deux points faibles : couverture et impact

Pour finir, le système français affiche des performances inférieures à la moyenne dans deux domaines.

Le premier est la couverture du système : comme nous le disions en début de billet, les Français sont moins nombreux que la moyenne des adultes de l’OCDE à accéder à la formation professionnelle (22e sur 32 pays).

La plus mauvaise performance du système français concerne l’impact perçu de la formation : la France est 28e sur 34 sur cet indice. Un peu moins de la moitié des adultes ayant suivi une formation jugent que celle-ci a été utile pour leur emploi. Dans le même temps, la proportion des personnes formées qui utilisent des compétences acquises en formation est plutôt élevée. Ce contraste entre perception et réalité n’est pas propre à la France : les deux variables sont largement décorrélées dans les pays de l’OCDE. Seuls 31% des salariés français estiment qu’ils auraient besoin d’une formation pour accomplir leur travail. Il semble donc que le besoin en formations et l’efficacité de celles-ci soient assez sous-évalués dans notre pays.

 

Dernier indice, en conclusion : l’urgence de réformer le système de formation professionnelle. Selon les données de l’OCDE, l’urgence est chez nous un peu moins élevée que dans la moyenne des pays développés. La part relative des adultes qui manquent des compétences de base y est pourtant élevée. Mais l’économie française ne figure pas parmi les plus exposées aux changements structurels et aux transformations liées à la mondialisation, selon les données de l’organisation. Les perspectives démographiques sont également moins inquiétantes qu’ailleurs.

Face aux défis identifiés par le rapport, il semble donc que les réformes aillent plutôt dans le bon sens, au moins sur le papier. Comme le souligne le rapport OCDE, le CPF version 2019 apporte du financement et de la souplesse à ses bénéficiaires, et améliore l’accès de tous à la formation. De quoi améliorer les scores « inclusion » et « couverture ». Le nouveau système d’évaluation de la qualité des formations par des agences indépendantes est une réponse à la problématique de l’impact. La réforme de l’alternance ainsi que la meilleure prise en compte des formations digitales et en situation de travail pourraient améliorer l’adéquation et l’efficacité des formations. L’avenir dira si ces réformes ont été à la hauteur des enjeux.

 

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