La formation a la cote auprès de 7 Français sur 10

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Les experts n’ont pas toujours été tendres avec le système de formation au cours du long débat sur la réforme, entre fin 2017 et fin 2018. On l’a dit inefficace, inégalitaire, trop coûteux… Selon l’étude publiée en mai dernier par le Cnam, les Français sont moins sévères : 69% d’entre eux affirment qu’ils ont une bonne image de la formation en France. Avec quelques nuances, qu’il est intéressant d’analyser.

 

La formation est associée à l’univers professionnel

« Les Français et les enjeux de la formation » : c’est le titre de l’étude confiée par le Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) à Harris Interactive en avril dernier, réalisée auprès de plus de 2 000 répondants représentatifs de la population française adulte. Des résultats à comparer à ceux d’une autre étude (Afpa), réalisée fin 2017, où s’exprimaient les fortes attentes des Français vis-à-vis du système de formation.

Premier enseignement : quand on leur dit « formation », les Français pensent d’abord à la formation professionnelle, et plus précisément à la celle des salariés (pour 48% d’entre eux). Ils sont 18% à associer d’abord le terme à l’alternance, et 8% à différentes formes de formation pour adultes (Moocs, cours du soir, cours par correspondance). Seuls 19% pensent spécifiquement à l’enseignement initial.

Ces résultats confirment ceux d’une étude Cedefop que nous commentions dans cet article : la France se distingue en Europe, avec la Finlande et l’Italie, par une définition de la formation tournée vers les apprentissages tout au long de la vie, incluant la formation initiale en alternance et la formation continue des salariés. En clair, pour les Français, la formation, c’est la formation professionnelle.

A noter que la suite de l’étude lève toute ambiguïté sur le sens du mot : avant d’aborder les questions suivantes sur leur perception et leur expérience du système, les répondants ont été informés du fait que le mot « formation » devait être pris dans le sens de « formation tout au long de la vie ».

 

La formation en France est bien perçue

69% des Français ont une bonne image de « la formation en France » (voire « très bonne » pour 12% d’entre eux), et seuls 1 sur 20 déclarent en avoir une « très mauvaise image ». On est loin des clichés souvent véhéments que l’on a pu entendre dans les médias en prélude à la réforme, et dont nous avions diffusé quelques exemples dans cette revue de vidéos de novembre 2017. La question du Cnam, cependant, ne porte pas sur le système dans sa dimension institutionnelle mais sur le vécu de la formation en France. Pour autant, le contraste est significatif.

L’enquête permet d’entrer dans les détails de cette perception. Du côté des points positifs les plus marquants, les répondants jugent la formation « utile » (à 86%) et « diversifiée » (76%). La moitié environ des personnes interrogées estiment en outre que le système a fait des progrès sur ces deux points depuis 10 ans : la formation se diversifie et gagne en utilité. Elle est en outre « de qualité » pour 73% d’entre eux, et les deux tiers la trouvent « efficace », « ouverte à tous » et « valorisée par les entreprises ».

Les caractéristiques de la formation selon les Français - Cnam - RHEXIS

Cette insistance sur l’efficacité et l’utilité contraste curieusement avec un regard plus critique sur le niveau d’adaptation de l’offre aux attentes du marché du travail. Une courte majorité de répondants (56%) estiment que la formation répond aux besoins des employeurs, mais c’est l’un des aspects sur lesquels ils montrent le moins d’enthousiasme. Et pour près de 2 Français sur 3, la situation ne s’est pas améliorée depuis 10 ans.

De même, 42% des Français, soit une forte minorité, jugent la formation peu innovante. Pour un peu moins de la moitié d’entre eux, cependant, il y a eu une amélioration ces 10 dernières années, notamment en matière de développement de la formation à distance.

 

Un niveau élevé de satisfaction personnelle

72% des répondants ont déjà suivi au moins une formation au cours de leur vie. Ce résultat est parfaitement cohérent avec les données de l’enquête Défis, que nous analysions dans cet article (70% des salariés en poste ayant fini leurs études depuis au moins 5 ans en 2013 avaient suivi une formation depuis leur entrée sur le marché du travail).

Les Français concernés ont bien vécu leur expérience de formation : 86% s’en disent satisfaits, et 85% estiment avoir acquis de nouvelles compétences. Dans les deux tiers des cas, il s’agissait de développer des compétences liées au métier qu’ils exerçaient déjà. Mais près d’une personne sur 5 s’est formée pour changer de métier, ce qui est loin d’être négligeable.

Parmi les bénéfices de la formation, le fait d’obtenir un diplôme n’est souligné que par 40% des personnes interrogées : on recherche davantage l’amélioration des compétences en elle-même que la certification.

 

Les organismes de formation inspirent plutôt confiance

Les organismes de formation (dont le Cnam) arrivent en tête des structures sur lesquelles les Français comptent pour développer la formation. L’État et Pôle Emploi, en revanche, sont les moins souvent cités. Les Opco et France Compétences ne figurent pas parmi les réponses proposées. On peut considérer cependant que les répondants témoignent d’une plus grande confiance pour les acteurs opérationnels que pour les institutions.

Les acteurs de la formation qui ont la confiance des Français - Cnam - RHEXIS

Sur le système en tant que tel, ils s’estiment majoritairement mal informés, conformément aux chiffres que nous commentions la semaine dernière. Cette carence d’information concerne toutes les dimensions du sujet, l’offre de formation et son coût arrivant en tête des aspects les plus opaques. Et 28% affirment n’avoir jamais entendu parler du compte personnel de formation (CPF), en ligne avec le chiffre de 23,3% trouvé par l’Observatoire des trajectoires professionnelles (évoqué dans ce même article).

 

L’innovation à l’honneur

Il reste que 55% des Français envisagent de se former, et que 60% pensent utiliser leur CPF. Mais la distance reste un obstacle : 57% des répondants ne feraient pas plus de 30 minutes de trajet pour suivre une formation. Cette exigence d’accessibilité va de pair avec une forte attente en matière de formation à distance : plus de 7 Français sur 10 pensent que l’avenir de la formation est dans le blended (47%) ou dans le 100% à distance (24%).

Aujourd’hui, seuls 10% des répondants qui ont bénéficié d’une formation au cours de leur vie l’ont suivie à distance. La quasi-totalité des cursus ont été accomplis en centre ou au sein de l’entreprise.

 

Ce panorama de la formation vue par les Français a le mérite de nous ramener un peu sur Terre, loin des débats d’experts sur le système idéal et le circuit de financement parfait. Sur le terrain, les salariés se forment, y trouvent un bénéfice et gagnent en compétences. Ils expriment des attentes en matière de transparence, d’information et d’innovation. Les réformes successives ont apporté des améliorations dans ce sens. En fait, le principal point noir, déjà souligné dans d’autres études, concerne la perception que les salariés ont de la satisfaction des employeurs vis-à-vis de la formation… Peut-être les entreprises ont-elles du mal à reconnaître dans la formation un investissement et non une dépense (en euros et en temps) ? Le responsable formation et les managers ont sans doute un rôle à jouer pour donner à l’amélioration des compétences une image plus positive, en intégrant pleinement la formation dans le processus de travail.

 

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